Ce film, qui met en scène Simone Signoret et Alain Delon, a été tourné deux ans après la "Veuve Couderc".
Autre remarque préliminaire, l'histoire développée dans "les Granges Brûlées" possède un petit air de famille avec "l'affaire Dominici", tourné la même année. En effet, les deux films évoquent une enquête autour d'un crime, commis à la campagne, qui conduit à la mise en cause d'une famille. Dans les deux cas, le chef ou la cheffe de famille, tend à s'opposer à l'instruction pour défendre âprement la famille …
Mais la ressemblance s'arrête là car "les granges brûlées" c'est d'abord la peinture de la vie en montagne et en hiver dans les années 70. Tout le monde se connait, en apparence tout au moins, et rien n'échappe à personne, à première vue, aussi. Comme le dit très bien le doyen des juges, "personne n'a de volets aux fenêtres et personne ne ferme sa porte à clé." Par principe, les gens, habitués à une certaine autarcie et à la dureté de la nature, sont forcément des taiseux et des méfiants tout en restant solidaires. Et quand on sait quelque chose, on le garde pour soi. Et puis, on y fête encore le banquet des conscrits, occasion de se prendre une bonne cuite et de rigoler un bon coup, histoire de se réchauffer …
Ensuite, une fois ce tableau esquissé, il y a Rose, un personnage que tout le monde respecte et ce depuis le temps de la Résistance. Rose, la fermière mène son monde à la baguette (dans un gant de velours). Lorsque les soupçons semblent tourner autour de ses fils, elle n'hésite pas à se dresser face à l'autorité représentée par un juge d'instruction.
Le personnage de Rose est bien entendu interprété par une somptueuse Simone Signoret avec son inimitable regard bleu et franc qui force le respect. Malgré les coups (au figuré, bien sûr !) qu'elle encaisse, lèvres serrées et silhouette toujours droite et fière.
Face à elle, Alain Delon dans le rôle du juge d'instruction. Dans un personnage franc, inquisiteur avec souplesse mais évidemment rigide. Delon nous la joue fine et c'est très bien.
Pour revenir à Rose, pas question de l'affubler d'un mari à forte personnalité. C'est le toujours excellent Paul Crauchet qui s'y colle, bien sûr…
Puis une flopée de seconds rôles avec Jean Bouise dans le rôle d'un journaliste aux belles bacchantes, un jeune Bernard Lecoq dans le rôle d'un fils de Rose, Catherine Allegret dans le rôle de la fille ! de Simone Signoret , Miou-Miou dans le rôle de la belle-fille, Christian Barbier dans le rôle du gendarme, etc
N'oublions pas Fernand Ledoux dans le rôle, plein de philosophie, du doyen des juges …
C'est un très bon film d'atmosphère rurale accompagné d'une plaisante musique de Jean-Michel Jarre