Il hante vos rêves, les transformant en cauchemars. Il peut prendre la forme et l’apparence de ce qu’il veut. S’il vous attrape, la partie est terminée. Bienvenue à Elm Street, petite rue pas si paisible que ça où un certain croque-mitaine semble en vouloir à ses résidents. Wes Craven vous plonge dans un univers où les rêves sont le terrain de chasse d’un type au visage défiguré. Faites sa connaissance…si vous l’osez…


Quoique vous fassiez : ne vous endormez pas !


Freddy Krueger, le croque-mitaine qui me faisait faire des cauchemars durant mon enfance alors que je n’avais vu ce charmant monsieur qu’en affiche dans un cinéma, Freddy Krueger qui, tout comme un certain Chucky, allait, des années plus tard, compter un nouveau fan dans son fan club. Les griffes de la nuit, c’est un classique par excellence, l’un des meilleurs films d’horreur à ranger aux cotés de L’exorciste, La nuit des morts vivants ou bien Psychose. Ici, nous sommes face à un slasher où des adolescents âgés d’une quinzaine d’années (alors qu’ils paraissent en faire le double) tombent un à un sous les coups de lames d’un croque-mitaine.


Freddy c’est un vrai petit plaisantin un poil narcissique, un sadique qui aime par-dessus tout faire peur à ses victimes avant de les zigouiller. Ce personnage est devenu une icône du cinéma d’horreur américain allant jusqu’à égaler Frankenstein et Dracula. Tout repose sur l’histoire, ses mystères et ses rebondissements, ses musiques, sa mise en scène, ainsi que l’interprétation des acteurs et actrices. Mélangeant réalité et fantasme, rêve et cauchemar, ce slasher ne peut vous laisser indifférent, multipliant les scènes mémorables. Comment oublier la séquence de la chambre où Tina monte sur le mur, semblant possédée par un démon alors qu’en fait elle se fait sauvagement assassinée par Freddy sous les yeux de son petit ami. Personne n’avait fait ça avant.


Les griffes de la nuit n’a rien de politiquement correct, il repousse les limites, créé une ambiance irréelle et dérangeante où jamais on avait si bien montré visuellement ce que pouvait être un vrai cauchemar tout en l’ancrant dans le vrai monde. Ce premier opus la jouera soft niveau surréalisme cauchemardesque, optant de plus pour un ton sérieux. Attendez de voir la suite, vous en aurez pour votre argent et votre temps. Ici, pas question de faire des gros plans sur notre antagoniste. Freddy, il fait parti de ses boogeyman prenant plaisir à se faire désirer. Une ombre menaçante, une sensation d’être observé, son gant avec ses lames crissant sur les murs, Freddy fait monter la pression. Ses répliques sont minimalistes, elles n’en demeurent pas moins efficacement sordides.



Faut te tailler les ongles ou alors plus faire de cauchemars. L’un ou
l’autre.



Mourir en plein cauchemar : une réalité


Des tas de films d’horreur ont exploité le thème du rêve, d’ailleurs presque tous sont liés à ce dernier. Décors déformés et cauchemardesques, monstres hideux, peur de l’inconnu, bruits étranges. Les cauchemars sont les messagers de notre subconscient, mettent en scène notre craintes et notre mal-être intérieur. Comme le disait si bien Wes Craven : les cauchemars sont les films d’horreur de l’âme. Les cauchemars d’une culture, parlant de chose que notre esprit rationnel ou notre société bien élevée ne veut aborder.


Les griffes de la nuit est construit sur un système de pensées et de cauchemars type. On a tous dans notre enfance fait des cauchemars mettant en scène une présence menaçante, une silhouette d’un être humain/monstre/Alien, voir pire : vécus ce que l’on appelle « une terreur nocturne », crise pouvant durer entre 1 à 30minutes où votre corps est paralysé, et le tout est accompagné d’hallucinations ou terrifiantes (silhouette ou personnage dangereux s’approchant de vous pour vous attaquer, sensation de vent, odeur, etc.), ou vertigineuse (l’impression de glisser indéfiniment dans votre lit par exemple), de tachycardie, polypnée, agitation, sudation, cris. Les terreurs nocturnes sont en somme un état où nous avons la sensation de vivre un cauchemar devenant réalité.


Partant de là, Wes Craven a eu l’idée de faire d’un personnage de ce genre un antagoniste sévissant dans les rêves de tout le monde. Pour la création de son Freddy, Wes Craven c’est inspiré d’un homme à chapeau, un ivrogne qui marchait dans la rue et qui l’effrayait étant petit, s’arrêtait et le fixait. Les pires crimes sont ceux incluant des enfants. Le fait que Freddy assassiné et agresse des adolescents fait de lui la créature la plus répugnante qu’on puisse imaginer. Soucis de taille : comment le combattre lui qui est si puissant ? Comment battre un être maléfique dans ses rêves ? Là aussi, un jour ou l’autre, on a tous vécus cette situation : tenté d’avoir une maitrise sur ces cauchemars et vaincre notre boogeyman. Avec Les griffes de la nuit, on a créé Nancy, jeune adolescente osant aller sur le territoire de notre antagoniste. C’est là que Craven a eu l’idée de pouvoir enter dans un rêve, éveillé, inventant l’idée qu’en s’agrippant à quelque chose, elle se retrouverait avec soi au réveil.


Faire grimper le suspense lié à ses héros luttant pour rester éveillés (un assoupissement pouvant devenir fatal), accumuler les images de plus en plus inquiétantes jusqu’aux apparitions du tueur défiguré, Wes craven c’est son truc. Oui, la mise en tension, l'angoisse, le stress, la peur, Wes craven sait les maitriser, prenant un malin plaisir à trouver tous les subterfuges et idées visuelles pour nous faire flipper. Comme s’il voulait nous faire revivre nos pires cauchemars, tout en nous aidant à les affronter. Une bonne raison de regarder ce film « thérapeutique » visant, en plus à réveiller notre société refoulant son passé, à nous aider à affronter nos peurs les plus profondes. C’est tout le but d’un film d’horreur non ?



« Un-deux… Freddy te coupera en deux Trois-quatre… remonte chez toi
quatre à quatre Cinq-six… n'oublie pas ton crucifix Sept-huit… surtout
ne dors plus la nuit Neuf-dix… il est caché sous ton lit… »



Au final, ce premier chapitre des aventures de Freddy Krueger est un grand classique des années 80, révélant au passage un Robert Englund incarnant à la perfection ce personnage si terrifiant et repoussant. Casting alléchant (premier rôle pour Johnny Depp), plans symboliques, musiques frissonnantes et jubilatoires, histoire captivante, décors fabuleux, maquillages et effets spéciaux bien foutus, humour noir bien dosé, morts choquantes, ce premier opus, véritable chef d’œuvre, mérite d’être vu que vous soyez amateurs ou non du genre.

Jay77
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le 3 nov. 2017

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Jay77

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