Un Resnais autosatisfait qui nous laisse sur le bord de la route
J'aime Alain Resnais. J'aime, depuis "Smoking, No smoking", sa volonté de fraicheur, sa volonté de remettre en question son travail pour chaque films et sujets abordés, je loue son inventivité et sa capacité à se renouveler... En ce sens, il reste dans le cahier des charges des préceptes de "la nouvelle vague", même si lui n'en est pas véritablement un des membres représentants.
Avec ce film, le cahier des charges est respecté. Mais je me suis ennuyé, vraiment ennuyé. Parfois en colère devant tant d'autosatisfaction.
Adapté d'un roman que je ne lirais pas, le film peine à nous accrocher véritablement. J'ai eu l'impression d'être tenu à l'écart de ce que vivent les personnages sur l'écran; L'émotion est absente, on ne s'attache pas aux personnages, sauf le personnage d'André Dussollier. Parce qu'André Dussollier nous rendrait sympathique le pire des salauds. Mais on ne convainc pas le spectateur avec le capital sympathie et le talent d'un seul acteur, même si c'est le rôle titre... Puis franchement, le personnage de Sabine Azéma, donne une sensation de déjà-vu: même actrice-même type de personnage. La palette de jeu de l'actrice ne s'est pas étendue avec ce film et surf sur un schéma trop attendu... Une autre actrice dans le rôle aurait été bénéfique pour l'histoire (Emmanuelle Devos par exemple).
La fantaisie et l'inventivité d'Alain Resnais tourne à vide et en rond, parce qu'il utilise des procédés qui paraissent artificiels (voix off, l'incrustation dans l'image des pensées des personnages) et ne servent pas vraiment le film. Ils l'alourdissent en quelque sorte. Ce qui me laisse penser que ce film aurait gagné en intérêt, si la mise en scène avait été plus épurée et si Resnais n'avait pas voulu systématiquement nous dire :"regarder je suis inventif, regarder l'intelligence dont je sais faire preuve, regarder je sais me remettre en question".... Autosatisfaction narcissique, comme je l'ai dit plus haut ou doutes inconscients sur sa capacité à se renouveler ?
Sinon, l'ambiance un peu surréaliste aurait dû à mon sens être amplifiée pour flirter avec l'angoisse... Ici c'est à peine esquissé...
L'exercice de style tombe à plat, Resnais rate sa cible en voulant prouver ce qu'il n'a plus à nous prouver. Trop c'est trop.
Rien à relever sur le côté technique, toujours parfait, puis Resnais sait filmer tout de même !