Je ne m'attendais pas à une telle fraîcheur de la part de ce grand "bonhomme" de 87 ans qu'est Alain Resnais, mais force est de constater que son film a le charme des comédies un peu loufoques et déjantées qui sont en général l'apanage de la jeunesse et des êtres en devenir.
Seulement voilà : notre cartésianisme nous empêche bien souvent de goûter comme il se doit la fraîcheur, la folie , la créativité et la drôlerie de ce grand cinéaste qui joue avec les idées, se divertit et nous distrait dans cette oeuvre ludique dont le titre à lui seul suggère exubérance, indiscipline et profusion.
L'éternel jeune homme a dû bien s'amuser en tournant son film car on rit franchement avec Dussollier, un Georges léger et grave à la fois, qui tel un ado en crise, angoisse, rêve, fantasme, assailli par les désirs les plus fous et qu'importe après tout qu'on ne sache pas vraiment qui il est ou ce qu'il a fait !
Irrésistible aussi Sabine Azéma, sa Marguerite Muir (petit clin d'oeil en passant à Mankiewicz), d'abord réglée comme du papier à musique, qui va finalement découvrir à l'instar de ses cheveux rouges en bataille, ces herbes folles qu'elle ne pourra plus jamais discipliner, et qui annoncent avec une fantaisie débridée la folie de la vie, ses pulsions, ses hasards, faisant d'elle une héroïne de cinéma ou de roman un peu folle et incontrôlable.
Un humour qui se manifeste aussi sous les traits des deux compères Mathieu Amalric et Michel Vuillermoz, dont les interventions, d'une drôlerie inégalée, offrent une image de la police réaliste et déjantée qu'on n'est pas près d'oublier!
Un film qui surprend, agace ou séduit : sans surprise je fais partie du dernier groupe.