On pourrait définir ce film comme le film anti-hipster par excellence. Absolument rien de moderne et trendy dans son contenu. Même la singulière photographie exhale quelque chose de poussiéreux et démodé pour l'éternité. Un peu comme cette vieille pendule qui trônait chez feue votre grand-mère et ne reviendra à la mode jamais plus. C'est simple si vous montrez ce film à une de ces innombrables répliques poseuses qui pullulent en ces temps artificiels où l’étiquette est reine, il filera le tote-bag entre les jambes pleurer dans sa chambre et se matera un "chef-d'œuvre" "mindie" ode à la vie du genre Little Miss Sunshine en guise de réconfort. C’est ça le cinéma y parait.


Le premier long de Marcelo Martinessi s'articule autour de Chela, une femme d'âge mûr issue de la petite bourgeoisie paraguayenne en pleine déroute et banqueroute qui s'accroche cahin-caha aux vestiges de son luxueux passé. Le récit ne critique nullement (ou si peu) le mode de vie bourgeois, on n’y évoque quasi pas le milieu prolétaire, il n’est pas particulièrement féministe (même si certains voient du féminisme au p’tit dej’ dans leurs céréales), il est un peu politique mais par touchettes seulement et s'attèle surtout à dépeindre l'extinction de la dernière flammèche de ce qui était autrefois une idylle flamboyante. Imaginez le cauchemar pour le chevalier de la justice sociale de base qui n’encense que les réalisations ostensiblement engagées faisant écho à "sa lutte quotidienne" et à son idéologie "progressiste". Se revendiquer cinéphile n’implique-t-il pas un devoir de distance avec le sujet et une certaine neutralité politique (et autres) au cours du visionnage d'une œuvre ? C'est un autre débat, mais j'ai mon avis sur la question.


Las herederas m'a plu pour sa peinture de la relation amoureuse, sa façon de capturer la beauté des corps tombant en décrépitude et son charme désuet. En effet, Marcelo Martinessi voit l'amour comme une fleur dans une nature morte. Quelque chose de beau et éphémère qui s'ouvre peu à peu mais qui invariablement finit par se faner avec le temps. Et garder une fleur morte dans son environnement ne peut être que toxique psychologiquement…

Tex_AS
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le 3 oct. 2021

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Tex_AS

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