Si ce sont essentiellement les Britanniques qui ont fait face aux Nazis durant la première partie de la 2ème Guerre Mondiale, c’est parce qu’ils avaient conservé la foi et l’envie de se battre, contrairement à ceux qui se sont fait aplatir très vite. Ce film dénonce pourtant une toute autre menace, ô combien plus mortifère, suicidaire et interne : la lâcheté, l’aveuglement et la compromission de toute une classe politique, bien plus responsable de la honteuse déculottée des perdants.
Biopic romancé, un poil trop sentimental à la sauce larmes et violons peut-être, le film se focalise sur mai 1940, et sur la vie et les décisions de Winston Churchill, improbable Premier Ministre de la Grande Bretagne, balancé sans moyens dans le désespérant bain sanglant des carnages conquérants de l’ennemi du dehors, et des faiblesses et inerties de l’ennemi du dedans. Caractériel, alcoolique, fumeur, bourré de cholestérol, surnommé Pig, mais esprit libre, pragmatique et irrésolu, son premier exploit, peut-être même avant de sauver les militaires anglo-français de la boucherie de Dunkerque, et de voter pour la fierté lucide d’aller combattre l’envahisseur, fut sans doute d’avoir su unifier tous les crabes hypocrites qu’on appelle députés en une seule voix.
Performance hallucinante de Gary Oldman, incarnant l’un des rarissimes politiques vertueux du 20ème siècle, du salvateur bousculement de l’ordre établi, et de l’induction première d’un courage qui allait déterminer le sort ultérieur de cette guerre.