Regarder ce film en 2024, à moins d'une semaine d'une élection où l'un des deux camps passe son temps à taper sur les journalistes quand ils se lassent de taper sur les minorités, les pauvres et les femmes, on ne peut s'empêcher de se dire que l'histoire ne se répète pas, mais elle rime.
Aujourd'hui, la majeure partie des électeurs voient dans la presse à minima un artifice à voir avec dédain, au pire, un ennemi. Mais ici, la quête de Woodward et Bernstein est presque utopique, et c'est peut-être là que réside son pouvoir : un rappel du potentiel du journalisme, un journalisme d'investigation, qui va à l'encontre du pouvoir établi, car c'est la juste chose à faire, même lorsqu'il s'agit de notre propre camp, dixit Woodward le républicain.
Ici, il y a cependant une sorte de mise en garde envers un certain journalisme : le journalisme télévisuel. Il est perpétuellement montré comme une menace, régurgitant la ligne officielle de la Maison Blanche, sans remise en question, des sortes de perroquets bien payés, pendant que Woodstein tabassent leurs claviers pour écrire leurs articles, à craindre pour leur vie.
Le film invite donc ses spectateurs à réfléchir sur les responsabilités des médias, certe, mais aussi du public. Il souligne l'importance du scepticisme sans cynisme, encourageant le public à privilégier le travail d'enquête approfondi plutôt que des titres sensationnels criés à l'unisson (cc Fox News).
Alors que la confiance dans nos institutions vacille, All the President's Men défend l'idée que la vigilance et l'intégrité dans le journalisme sont une des fondations pour une démocratie saine. Et c'est rafraîchissant à une heure où les magnats de la presse regardent la Démocratie mourir dans l'obscurité.