Une fois n’est pas coutume, Alan Ladd n’est pas franchement du bon côté de la morale. Il a bien entendu l’excuse de la souffrance mais quand même ! Son dernier western lui offre un rôle pour le moins ambigu, et, au final bien plus intéressant que ceux qu’il a tenus dans les deux précédents, exceptionnellement assez loupés : L’Or du hollandais (The Badlanders) de Delmer Daves et Tonnerre sur Timberland (Guns in Timberland) de Robert D. Webb. Il rejoint rejoint plutôt la série des réussites que sont :
« Smith le Taciturne / Whispering Smith » de Leslie Fenton, « L’Homme des vallées perdues / Shane » de George Stevens, « La Brigade héroïque / Saskatchewan » de Raoul Walsh, « Le Fier rebelle / The Proud Rebel » de Michael Curtiz et « La Vallée des loups / The Big Land » de Gordon Douglas.
Dans One Foot in Hell, Ladd peut sembler un peu âgé pour le rôle d’un jeune marié; il a 46 ans. L’apparence fatiguée du personnage peut être mise sur le compte de la guerre où sa femme et lui ont tout perdu et du parcours pénible qu’ils ont enduré avant d’arriver dans cette ville qui aurait dû être celle de leur résilience. Son visage est un peu bouffi mais son jeu est sobre ( !) Alan Ladd était alcoolique à cette époque mais c’est le personnage de son talentueux partenaire Don Murray (Duel dans la boue, Bus stop) qui a ce problème. Dolores Michaels (L’Homme aux colts d’or / Warlock d’Edward Dmytryk) est assez convaincante dans un rôle toujours difficile d’une entraîneuse de bar trouvant son salut dans l’amour (la carrière de cette actrice de caractère n’a curieusement duré que dix ans, de 1953 à 1963)
Il est étonnant que Dan O’Herlihy, sans doute grâce à sa nommination pour l’Oscar du meilleur acteur en 1954 pour le « Robinson Crusoe » de Bunuel », partage la tête d’affiche avec Ladd et Murray alors que son rôle est assez insignifiant et que son personnage est bien moins présent que ceux campés par Barry Coe et surtout Dolores Michaels, tous deux relégués sous le titre.
Le film de James B. Clark est un des westerns les plus axés sur la maladie de la vengeance ; il montre un personnage hanté par le souvenir de la mort évitable de sa femme et de l’enfant qu’elle portait ; rongé par haine, il œuvre à devenir l’ami de ceux dont il n’aspire qu’à devenir le bourreau. Ici, Alan Ladd dément sa déclaration de n’être pas un bon acteur. Car il est parfait en homme qui devient un fou à l’abord sympathique mais finalement haïssable, même avec les excuses de la souffrance. Que châtier trois personnes qu’il, juge responsables de son malheur coûte la vie à beaucoup d’autres ne lui importe pas ; seule sa vengeance compte.
Un scénario typé « noir » D’Aaron Spelling (surtout connu pour ses productions TV comme Starky & Hutch, Dynastie, Drôles de dames, etc) très intéressant donc qui donne un bon film; on peut regretter cependant une mise en scène assez fade et une fin peut-être un peu trop « happy ».
A signaler la bonne musique de Dominic Frontiere.