LA bombe de LVT
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Comment doit-on recevoir l'autodérision de Gad Elmaleh qui, sur scène, se positionne en victime face au blond irréprochable? J'ai mon avis là-dessus. Pour moi, c'est le genre d'autodérision qui sous-entend que tu n'es pas vraiment ce que tu racontes, ou en tout cas qui sous-entend que ça ne te touche pas vraiment, c'est l'autodérision qui te met en valeur en faite. Dans le fond, et puis dans la forme aussi puisqu'elle te rend accessible et potentiellement drôle. C'est l'autodérision de la tante hippie à Noël qui se tartine une tranche de foie gras en disant tout fort « les pauvres oies, je n'ai vraiment pas de cœur! ». Elle le dit parce qu'elle sait très bien qu'elle en a un, de cœur. Elle n'exagère pas ses propres faiblesses, au contraire, elle les arrondit. Elle toucherait peut-être un peu plus à l'autodérision véritable si elle sortait tout fort, serrée entre le grand-père et la petite nièce : « Rien à foutre des oies. Qu'on les gave ces salopes! »
Que se passe-t-il alors si on essaie l'autodérision à fond, sans artifices et sans retenue ? Celle qui n'a pas pour but premier d'émouvoir l'autre, mais bien de chercher ce qu'il y a de dérisoire en nous, et de le presser comme un vilain bouton d'acné pour voir le pus et le sang se mêler dans quelque chose qui nous dégoûte et nous attire à la fois. Bien sûr, il y a des chances que ça nous amuse, parce que ça gicle, que ça nous effraie, parce que ça gicle, et que ça nous fasse pleurer, parce que ça pique en soulageant. Mais le but premier, c'est bien de virer le pus qu'on cherchait à ignorer depuis trop longtemps, pour laisser la place au sang douloureux mais vital. (Je pourrais faire un parallèle avec les cicatrices qui restent et tout, mais je pense qu'on a compris...)
C'est ce que l'on retrouve dans « les idiots »: une bande de personnes décidant de vivre en communauté pour jouer à fond le jeu de l'autodérision, celle qui a pour but de vraiment creuser ce qu'il y a au fond de chacun. Ils jouent en même temps à fond le jeu de la communauté solidaire, drôle, inventive et, dans un sens, militante. De quoi consoler tous les ex-Woofers blasés. On est confronté à la communauté jusqu'au-boutiste, qui, au service de l'incontournable quête de soi et du vénéré vivre ensemble, nous offre un terrain de réflexion et un univers aussi bien utopiques que cauchemardesques.
Créée
le 17 mars 2017
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8 j'aime
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