La journée commence avec une salle timide pour le premier film du Zoom sur Jess Franco, Eugenie… the story of her journey into perversion, sorti chez nous sous le titre Les Inassouvies. La séance nous est présenté par Alain Petit, le spécialiste du cinéaste espagnol, venu présenter son dernier ouvrage Jess Franco ou les Prospérités du Bis, l’aboutissement de dizaine d’années de recherche sur le cinéaste. Les Inassouvies est une adaptation (plutôt très libre) de La Philosophie dans le Boudoir du Marquis de Sade, dans lequel une bourgeoise ennuyée s’amuse en pervertissant des jeunes ingénues pour le compte d’un club sadique mené par Cristopher Lee. Ce qui m’a toujours frappé chez Jess Franco, c’est sa capacité à faire se côtoyer dans le même film le sublime et l’horrible. Ainsi certaines séquences sont à tomber de beauté, cadré et éclairé magnifiquement. Je pense à la première scène de rêve de Eugénie, dans cette chambre de la perversion illuminé par un soleil rouge de sang dans laquelle le réalisateur réussit l’exploit d’en faire un pur trip psychédélique, sans effets spéciaux ou de mise en scènes, avec de simples travellings, et des cadrages au millimètre, tout ça sublimé par la bande originale magnifique de Bruno Nicolai. Et à d’autres moments, ça a l’air plus incertain, et Jess Franco n’a l’air que de faire son quota de plans nichons. Le cadreur qui œuvrait sur le tournage avait paraît-il une vue faible, ainsi, le tiers des plans du film est dans le flou ou à la limite du flou. Cependant, le film reste assez atmosphérique pour que ça ne dénote pas entièrement de l’ambiance. On a donc l’impression d’avoir la vision brouillé du début à a fin, dans le flou de l’éveil d’une certaine sexualité sans normes et sans limites, jusqu’à une séquence d’errance finale très belle sur l’île aux perversions Francesques. Pas un très grand film, mais un amusement pervers agréable, qui s’amuse allègrement de cette hypocrisie bourgeoise et de l’ennui qui marque cette caste d’une société mourante, toujours à la recherche de nouvelles horreurs à commettre. Mais ne vous inquiétez pas, ici, pas de moral ou de jugement, car dans l’exploitation, tout est permis.
Tiré du journal du festival des Hallucinations Collectives 2016 : lire l'article entier sur mon site...