Les Indestructibles
7.1
Les Indestructibles

Long-métrage d'animation de Brad Bird (2004)

Support: Bluray


Après Wall-E, c’est aux Incredibles de passer par la moulinette du visionnage près de deux décennies plus tard des classiques Pixar. Et mine de rien, j’ai l’impression d’être beaucoup plus sensible à cette histoire de famille dysfonctionnelle qu’à l’époque. Tout résonne mieux, apportant à ce qui était déjà un superbe film d’action, bourré d’humour et réinventant le genre du film de super-héros (avant son essorage par la maison mère dans les quinze années qui suivront), une couche émotionnelle qui fait mouche.


Même en connaissant tous les beats du film (il faut dire que j’avais poncé le DVD), je me suis trouvé ému par l’élan sacrificiel d’Ellen alors que le jet va exploser, le désespoir de Bob alors qu’il croit sa famille anéantie, et pris d’une joie incommensurable quand enfin la famille est réunie et travaille en harmonie, avec des pouvoirs enfin sorties du placard, pour mettre une raclée aux méchants pour laisser place à la communication qui leur manquait.


Si toutes ces scènes fonctionnent, c’est grâce à la réalisation de Brad Bird, dynamique et fluide, et surtout grâce à l’écriture de ses personnages. Chaque pouvoir représente les difficultés de son détenteur. Violet est une ado timide et effacée, il est donc logique qu’elle s’invisibilise et se protège dans sa bulle. Dash est frustré de ne pas pouvoir vivre au grand jour, il ne peut pas évacuer son hyperactivité, inévitablement, c’est un speedster (comme on dit dans le jargon). Ellen, femme au foyer qui doit jongler entre la puérilité de son mari, les bêtises de ses enfants, le dernier né Jack-Jack et les tâches domestiques, ne pouvait qu’être élastique. Bob, archétype du mâle bourru en pleine crise de la quarantaine, aurait difficilement pu être quelqu’un d’autre qu’un utilisateur de la force brute, sans subtilité aucune. Tout est en parfaite adéquation, et malgré les carcans initiaux de chacun, leurs relations sont crédibles et touchantes. L’amour entre Bob et Ellen est palpable. Leur amour pour leurs enfants est inconditionnel. Tout passe comme une lettre à la poste, avec une grâce sublimée par de simples gestes, de simples changements de tons.


Ajoutez à cela des personnages secondaires qui régalent: Frozone le pote cool mais de bon conseil (Samuel L. Jackson), Edna, la Karl Lagerfeld du monde super-héroïque (doublée par Brad Bird), ou tout simplement Syndrome, dont le visage est calqué sur celui du réal que ses équipes jugées un tantinet tyrannique (mais pas mauvais). On a un ensemble vibrant, où même les figurants tels que Bomb-Voyage, le mime cambrioleur français, peignent un paysage enthousiasmant.


Si l’animation 3D a inexorablement pris un petit coup de vieux, l'œuvre globale n’en pâtit pas et promet toujours autant de réjouissances. Une réussite en tous points.



Bonus:

Les courts métrages Boundin’ et Jack-Jack Attack


The Incredibles : revisited (22 minutes)

Table ronde des chefs d’équipe du film, revenant sur l’âge d’or du studio à la lampe, livrant des anecdotes sur la production et les modes de fonctionnement internes. On les voit comme une vieille bande de copains se remémorant, souvent hilares, cette grande aventure que fut The Incredibles. Des passionnés passionnants.


Créée

le 14 mars 2024

Critique lue 15 fois

Frakkazak

Écrit par

Critique lue 15 fois

D'autres avis sur Les Indestructibles

Les Indestructibles
Gand-Alf
10

Super.

Transfuge des mythiques "Simpson", le génial Brad Bird avait imaginé cette famille de super-héros à la fin des années 90, pensant les mettre en scène dans un long-métrage d'animation traditionnel...

le 29 déc. 2014

59 j'aime

6

Les Indestructibles
Jonathan_H
9

Pixar à son meilleur niveau

Je crois bien que je n'ai jamais autant aimé Pixar que quand je regarde ce film. Tout petit déjà c'était mon préféré (même si je ne sais plus où et quand je l'ai vu pour la première fois...) mais...

le 25 avr. 2017

48 j'aime

13

Les Indestructibles
Fritz_the_Cat
9

La Famille nucléaire

Début du XXème siècle. Le cinéma fait ses premiers pas puis s'émancipe de ses créateurs alors qu'il effleure à peine le potentiel de son langage. Quand il s'agira d'en maîtriser les ressorts afin de...

le 6 avr. 2015

38 j'aime

7

Du même critique

Assassin's Creed: Mirage
Frakkazak
4

Mi-rage, mi-désespoir, pleine vieillesse et ennui

Alors qu’à chaque nouvelle itération de la formule qui trône comme l’une des plus rentables pour la firme française depuis déjà quinze ans (c’est même rappelé en lançant le jeu, Ubisoft se la jouant...

le 10 oct. 2023

19 j'aime

Spiritfarer
Frakkazak
8

Vague à l'âme

Il est de ces jeux qui vous prennent par la main et vous bercent. Des jeux qui vous entraînent dans un univers capitonné, où de belles couleurs chaudes vous apaisent. Spiritfarer en est. Le troisième...

le 9 sept. 2020

13 j'aime

2

Returnal
Frakkazak
9

Gen of Tomorrow

Cinquante heures pour le platiner, et c'est d'ailleurs bien la première fois que j'arrive à aller aussi loin dans un roguelite. Non pas qu'il soit facile, il est même étonnamment ardu pour un triple...

le 30 juin 2021

11 j'aime

6