Petite déception me concernant, ce long-métrage n'apporte rien par rapport au premier film. Pire, il annule les résolutions de ce dernier afin d'en recycler les enjeux. Ainsi, le monde des Indestructibles considère toujours les supers-héros comme des criminels; Elasticgirl est toujours une mère au foyer qui laisse ses obligations familiales étouffer sa nature d’héroïne; les enfants sont toujours sur-protégés par leurs parents qui ne les laissent pas les aider dans leurs missions, Bob ne se satisfait pas de sa famille et veut toujours récupérer sa gloire d’antan, Violette est toujours complexée par ses pouvoirs et ne les assume pas... Seul Flèche ne connaît pas la même évolution et pour cause, puisqu'il n'en a aucune.
Toutefois, je tiens à vous rassurer, le film demeure malgré tout une réussite. Les thématiques et les évolutions traitées ont beau être très similaires, elles sont néanmoins abordées avec suffisamment de divergence pour éviter au spectateur un flagrant sentiment de redite.
Ainsi, Bob réapprend cette fois la valeur de sa famille en s'investissant corps et âme dans son rôle de père au foyer.
De son côté Elasticgirl renoue avec sa nature profonde en occupant le devant de la scène. Devenant ainsi le porte étendard d'un groupe marginalisé ayant soif de reconnaissance.
Seule Violette connaîtra à peu près la même évolution que dans le premier film, ce qui ne l'empêche pas d'être également réussie.
On notera enfin que le personnage de Jack Jack, avec ses multiples pouvoirs aux caractères imprévisibles est utilisé comme métaphore des enfants ayant des troubles ou des caractéristiques particulières. Bob doit ainsi apprendre à gérer son fils en comprenant ce qu'il est, en s'adaptant à sa condition et en anticipant au mieux son comportement, comme n'importe quel parent dans cette situation.
En outre, le long-métrage présente également une satire évidente sur le business que nécessite le métier de super-héros, aussi noble soit-il. Winston Deavor est certes un personnage positif, mais ses intentions ne sont pas tant de protéger la population que de promouvoir l'efficacité des ses héros et ce grâce à une campagne publicitaire rondement menée dont Elastic Girl se retrouve malgré-elle à en être l'égérie. On comprend que malgré son admiration sincère pour la cause qu'il défend, cet homme n'agit pas pour le bien commun mais pour vendre un produit. C'est la raison pour laquelle il réfléchit avant tout en terme de statistiques et d'outils promotionnels.
Par cet aspect, nous voyons bien que Les Indestructibles 2 est un film de son temps. Celui d'une époque où les intentions sincères ne suffisent plus et où se sont les coups de coms qui sont plus que jamais nécessaires pour convaincre l'opinion publique, quel que soit le camp dans lequel on se situe. D'où le plan de l'hypnotiseur.euse, antagoniste du récit qui tentera de créer un Bad Buzz afin de ternir l'image des supers-héros. Certes cela génère un méchant moins mémorable que Syndrome avec un complot moins élaboré, mais ça a le mérite de développer une réflexion intéressante sur le statut des protagonistes et de leur perception dans une société contemporaine. Enrichissant ainsi l'une des thématiques phares du premier film.
Mais ce second volet est surtout servit par une mise en scène absolument jouissive. Brad Bird atomise toutes les marvelleries de son époque, en proposant une réalisation constamment inventive, en particulier dans les scènes d'action qui sont d'une fluidité impressionnante et rendent intenses des situations qui factuellement sont pourtant bien moins spectaculaires que celles d'Infinity War. Preuve en est qu'il n'est pas utile de trop en faire pour rendre une scène d'action efficace. Il suffit simplement que celle-ci soit magnifiée par son réalisateur lorsque celui-ci sait comment la mettre en valeur.
De plus, si l'on peut déplorer un rythme par moments un peu trop soutenu, ce qui est malheureusement monnaie courante dans les récentes production Disney-Pixar et cause du tort à la dramaturgie du récit; l'absence de temps mort fait que l'on ne s'ennuie jamais et le tempo comique du long-métrage s'en retrouve ainsi renforcé. Car oui le film est drôle, hilarant même. On a beau être dans un film d'aventure avec des enjeux forts, cela reste avant tout un divertissement familial où l'humour prime sur le reste. En particulier l'intrigue sur Bob et ses enfants prenant carrément des airs de sitcom à la No Ordinary Family (mais en mieux évidemment).
Je fais également un paragraphe spécialement pour mes camarades voxophiles qui se sont offusqués dès l'annonce de Gérard Lanvin et de Louane au casting VF.
Pour Lanvin, désolé mais le doubleur initial de Bob étant décédé depuis 6ans, il était évident que Disney allait sauter sur l'occasion pour le remplacer par une guest. Ça ne sert à rien de faire les indignés d'autant que le résultat en est bluffant. L'acteur est méconnaissable et effectue une performance à la hauteur de son prédécesseur. Je suis donc très satisfait de ce choix et je suis même heureux que ça ne soit pas Emmanuel Jacomy qui est hérité du rôle. Non parce qu'il est très bon en père de famille tendre et caractériel, mais bordel vous avez pas l'impression d'entendre déjà suffisamment sa voix partout non ? On aura plus de diversité vocale au prochain Kingdom Kearts comme ça les gars.... ah merde, j'oubliais... :'(
Pour Louane, c'est déjà plus discutable étant donné que Lorie aurait très bien pu reprendre le rôle, d'autant qu'elle a depuis confirmé son talent de comédienne. Je suis convaincu qu'elle aurait fait un meilleur boulot que cette chanteuse de 20ans qui ne sait toujours pas jouer la comédie même après 3 films, 2 doublages et un putain de César !!!!!! Mais bon là en vrai.... sa prestation est tout à fait correct. Elle manque peut-être d'un peu de justesse lorsque Violette rentre dans des colères noires, mais très honnêtement c'est pas grand chose et on oublie rapidement que c'est une non-professionnelle qui interprète le personnage.
Donc ne vous inquiétez pas. Le doublage est de qualité. Il ne pouvait en être autrement avec Babara Tissier à la direction artistique. L'adaptation est d'ailleurs de très bonne facture, les dialogues sont bons et comme c'est un film plutôt bavard c'est une bonne raison pour ne pas se priver de la VF.
Enfin dernier point à aborder et pas des moindres, celui de la musique originale qui signe le retour en grande pompe de Michael Giacchino, après des BO décevantes dans des blockbusters médiocres depuis le milieu des années 2010. L'OST reste dans la continuité musicale du premier film, avec une orchestration jazzy type films d'espionnage des années 50 et de riches compositions en synchronisation quasi parfaite avec les images du long-métrage. Seul bémol, le mixage qui étouffe trop la musique sous le reste de la bande-son et qui ne permet donc pas de l'apprécier à sa juste valeur. Il vous faudra donc tendre attentivement l'oreille si vous voulez en profiter, autrement vous risquez de passer à côté.
On pourra donc s'interroger sur l'utilité artistique d'une suite qui n'a rien à apporter à la mythologie dans laquelle elle s'inscrit et qui est davantage un moyen sûr pour son réalisateur de se garantir un succès au box office après l'échec de son Tomorrowland. Un film aux intentions avant tout commerciales mais qui le empêche pas d'être éminemment réussit grâce au savoir faire de son metteur en scène qui a semble t-il prit beaucoup de plaisir à revenir vers l'une de ses premières créations.