Je dois dire qu'il est rare pour moi de voir des œuvres sud-africaine (en dehors de blockbusters d'action réalisés par Blomkamp) ; j'ai l'impression que la plupart des films produits dans ce pays n'arrive pas sur nos écrans.
C'est donc à l'occasion d'une Cinexpérience que j'ai vu Les Initiés de John Trengrove.
Xolani est un instructeur, un de ces hommes qui a la charge de guider les jeunes qui passent par le rite d'initiation qui les intégrera en tant qu'homme adulte. Mais cette année il doit s'occuper de Kwanda, un jeune de famille aisée vivant en ville qui est là à cause de la pression paternelle. Très vite Kwanda regarde son instructeur avec désir et devient jaloux de sa relation amoureuse avec un autre instructeur, Vija.
Les Initiés, c'est une sorte de plongée dans un univers à la fois familier et inconnu. Familier parce que je suis passé par des rituels plus ou moins formels au niveau de ma vie professionnelle et personnelle (comme tout le monde) ; inconnu parce que ce n'est pas ma culture d'origine. Les symboles sont compréhensible mais la morale l'est moins. D'emblée nous sommes mis face à une circoncision de masse, un rite de virilité difficile à comprendre pour ma morale européenne.
John Trengrove a une caméra qui ne jugera jamais vraiment ces rites, trouvant un juste milieu de mise en scène entre un aspect ethnographique et une plongée dans l'action. Il est présent mais il n'est pas intrusif, il met en scène des personnages sans les réduire à des clichés.
Mais Les Initiés ce n'est pas juste une histoire d'initiation traditionnelle : c'est une histoire d'amour et de violence.
C'est ce qui m'a frappé très vite : ce monde est très violent. Il y a les rapports de force entre instructeurs, ces hommes virile qui représentent une société traditionnelle, et les initiés qui sont traité comme des chèvres ; il y a une violence homophobe, une violence de classe… Le film parvient à passer toujours d'un niveau de lecture à l'autre, analysant les rapports de forces entre ces hommes qui sont souvent séparés par des visions du monde différentes.
Xolani est un héros intéressant parce qu'il est entre les deux : instructeur mais homosexuel, homme de culture traditionnelle travaillant avec les blancs en ville. Il est le pont entre les différents pôles de l'histoire, un lien efficace.
Cependant, le film souffre par moment de quelques longueurs qui semble suspendre la narration et globalement d'un travail sur la lumière parfois intéressant, parfois paresseux. Ne pas voir des gens à l'écran pendant parfois une minutes parce que l'éclairage n'est pas équilibré est un problème dans un film qui cherche à mettre en lumière les paradoxes de la société sud-africaine.