Alors que "Les Intranquilles" s’ouvre dans un cadre en apparence épris de tranquillité grâce à une balade en bateau et le retour à cette charmante maison située en campagne, nous découvrons peu à peu que le quotidien de cette famille s’avère être l’inverse, ce que le long-métrage fera au fur et à mesure apparaître par une montée de tension liée aux crises d’excitation et de délire de Damien. Cela ne sera pas sans conséquence sur sa femme Leila, joué par Leila Behkti, et leur fils, subissant ainsi tout deux un quotidien tourmenté.
Joachim Lafosse, pour son neuvième long-métrage, décide de nous embarquer dans un sujet intime, à travers l’atmosphère pesante du quotidien d’une famille, dont le père, interprété par Damien Bonnard, atteint de bipolarité, partage sa vie entre période maniaque et dysphorie liées à la maladie.
Le film aborde un sujet très peu exploité au cinéma ou avec une importance moindre, celui de la psychose maniaco-dépressive, tout en maîtrise du sujet évoqué et en instaurant une mise en scène épurée loin des hôpitaux et cliniques habituellement exposés pour évoquer les maladies mentales. Le réalisateur articule ses propos avec respect et empathie, que ce soit envers cet artiste torturé ou envers ses proches, inévitablement impacté par le trouble de ce dernier. Le réalisateur porte ainsi différents points de vue sur ce couple brisé, alternant son regard entre les deux protagonistes principaux, le film portant avant tout un discours sur les dommages liés à ces troubles mentaux.


Malgré une prestation notable de Damien Bonnard et Leïla Bekhti, incarnant leur rôle avec finesse mais avec une complicité peu apparente entre eux, "Les Intranquilles" porte maladroitement une vision horrifique au personnage de Damien, le rendant inquiétant et laissant apparaître une maladie dangereuse pour les proches qui l'entourent, le transformant presque en personnage d’horreur et lui infligeant un caractère monstrueux. La mère décide ainsi de cacher leur fils à son mari, le spectateur en venant à avoir peur pour l’enfant pour qui le père serait une menace. 

La fin des Intranquilles se présente en outre uniquement porteur d’un message inquiétant envers les individus et proches confrontés à cette maladie impossible à guérir. Cette dernière se révèle dévastatrice et aucun remède ne pourrait sauver ce couple, condamné à se séparer, le chemin de la guérison étant seulement semé de déceptions et de faux espoirs.

Nighhtcall
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le 12 oct. 2021

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