Ken Russell, so eighties... Voué à rester un remarquable révélateur de son époque Les jours et les nuits de China Blue demeure un objet de pur mauvais goût, aux outrances visuelles, musicales et sexuelles éminemment baroques. Ken Russell y offre à Kathleen Turner un rôle-titre particulièrement limite mais pleinement assumé par l'actrice, allant des univers glaciaux des entreprises du stylisme aux bouges, peep-shows et motels miteux du monde de la nuit.
Le film est fou, formellement composite au point de sembler un tantinet tapageur dans ses délires les plus avoués, l'auteur de Tommy représentant le travail du sexe de manière moins explicite que fortement scabreuse et suggestive ; il est à l'image du personnage de pasteur déchu remarquablement interprété par Anthony Perkins : tenté de toucher aux chairs lubriques tout en s'en empêchant dans le même mouvement de frustration, comme entre deux eaux...
On retrouve l'audace des meilleurs Ken Russell ( The Music Lovers, Tommy, Mahler...), accouplé au regard contemporain d'un film comme le Cruising de William Friedkin : un film cru à la croisée des genres et des humeurs, d'une atmosphère poisseuse pour le moins communicative et assez dérangeante. Les jours et les nuits de China Blue fait mine de petit film d'exploitation éhonté, redéfinissant contre toute attente le regard et le geste portés sur la gente féminine d'hier et d'aujourd'hui. Le genre de film à voir au moins une fois, pour mieux le re-découvrir en temps voulu...