Looney Tunes : Back in action concentre tout le savoir de Joe Dante en matière de comique, sous la forme d’une somme qui jamais ne freine ou ne s’arrête le temps de reprendre son souffle. Nous sommes, comme les personnages, baladés des studios de la Warner Bros. à une jungle de synthèse qui n’est pas sans évoquer un univers d’aventure à la Tarzan, The Jungle Book ou Indiana Jones, la référentialité des lieux étant très importante pour un cinéaste dont le geste artistique même articule hommage amoureux au passé du cinéma et opération de sabotage parodique.
L’intérêt principal du long métrage est justement à chercher du côté du regard qu’il porte sur Hollywood comme énorme fabrique de rêves dont l’artificialité initiale se voit conjurée par la propension des créations – comprenons, les personnages de fiction – à sortir du faux pour s’octroyer une vie réelle, une indépendance permise par la rencontre d’un créateur et d’un public. La mise en abyme du septième art est constante, depuis les coulisses d’une chorégraphie aux répétitions de la chasse au canard (ou lapin, au choix) afin de faire prendre conscience au spectateur du rôle essentiel qu’il joue et dans l’existence de ces êtres de cartoon et dans l’enchantement de sa propre existence.
La partition musicale que signe Jerry Goldsmith, formidable au demeurant, redouble elle aussi cette alchimie de la fiction devenue réalité par un subtil alliage de nombre de ses thèmes iconiques, des Gremlins à Baby : Secret of the Lost Legend. Voilà donc une œuvre testimoniale pour deux artistes de génie aux collaborations mémorables, dont l’un – Goldsmith – disparaîtra peu de temps après la sortie du film et l’autre – Dante – effectuera une sortie de scène ponctuée, çà et là, par des retours confidentiels. Looney Tunes : Back in action est le conservatoire-défouloir d’un art de faire des cartoons et, plus largement, du cinéma grand public qui reste aujourd’hui un grandiose feu d’artifice dont le spectacle continue de ravir les petits et les grands.