Montgeron, années 1920. Deux trains entrent en collision. A leur bord, Paul Orlac, pianiste réputé, gravement blessé à la tête et aux mains. Sa femme l'emmène chez le meilleur chirurgien de Paris, qui essaie et réussit, contre tout espoir, à lui greffer les mains d'un assassin qui vient de passer à la guillotine, Vasseur. Mais rapidement, Orlac souffre d'une grave dépression nerveuse. Il trouve un mot qui lui dit que ses mains sont celles d'un assassin, et croit voit plusieurs fois la tête de cet homme lui parler, se moquer de lui. De fait, ses nouvelles mains ne savent pas jouer du piano, et son écriture est différente, grossière et pleine de pâtés.
Notre artiste retrouve même le poignard marqué d'un X qui était l'arme de prédilection du meurtrier, et la cache dans son piano. Pendant ce temps, sa femme, harcelée par les créanciers, mendie en vain chez le père d'Orlac. On retrouve peu après celui-ci assassiné par le même couteau. Orlac, persuadé qu'il a dû faire le coup dans son sommeil, croise Vasseur, qui porte désormais des bras de fer et aurait été sauvé par un assistant du docteur essayant de copier son maître. Cet homme, au faciès diabolique, réclame un million de francs, sinon il dénonce Orlac comme meurtrier. Mais Orlac décide tout de même d'aller trouver le juge, qui contre toute attente l'aide à démasquer l'homme. En réalité, tout était une mise en scène de Nera, un assistant du docteur qui s'est fait passer pour Vasseur, lequel avait été accusé à tort. Tout est bien qui finit bien pour Orlac.
Alors j'ai vu la version américaine, qui alterne par exemple les journaux en allemand avec leur carton anglais, ce qui explique peut-être que ma version faisse plutôt 1 h 52 mn., avec une sonorisation inspirée par la musique atonale.
Je retiens notamment les scènes de chaos de l'accident de train, avec notamment un plan où le brouillard devient parfois opaque à cause des rais du projecteur au sodium. De beaux effets de dégradés, par exemple du blanc au premier plan au gris-noir en fond de la scène du réveil.
Concernant la veine expressionniste, c'est tout de même moins affirmé que chez Lang. Je retiens surtout l'apparition de la tête qui rit lors du réveil d'Orlac. Le cauchemar, avec cette tête géante et le lit minuscule, suivi de la première scène de "possession par les mains". Les veines surgonflées du héros quand il réalise que ses nouvelles mains ne savent pas jouer du piano. Le fondu au flou lors du flashback du meurtre via les mains de Vasseur. A un moment, Orlac prend sa tête dans ses mains et ressemble au personnage du "Cri" de Munch.
Il y a une ironie antibourgeoise assez "Allemagne, années 20". Les 4 créditeurs, qui font non de la tête en même temps. Le final est une vraie bonne surprise, qui ramène tout à un niveau rationnel.
Les deux soucis viennent du rythme et de la direction d'acteurs. Alexandra Sorina, qui joue la femme d'Orlac, en fait vraiment beaucoup dans le désespoir, même pour du cinéma muet. Ecroulée au pied d'un fauteuil et du docteur, elle est rayonnante la scène d'après au réveil de son mari. De manière générale, Wiene compose fort bien ses images, mais use et abuse, pour décrire les tourments de ses personnages, de gros plans où ils regardent dans le vide, les yeux écarquillés, le projecteur en pleine g.... Le jeu de Konrad Veidt, étranger à ses propres mains, est en revanche excellent.
Le rythme, surtout, est incroyablement lent et affecté. Beaucoup de plans "dramatisés" sont inutilement longs : celui où Orlac retrouve son piano, désorienté ; celui où sa femme, chassée, quitte la maison... + Parmi les ressorts improbables : Cmt fait le commissaire pour voir et reconnaître à l'oeil nu des empreintes digitales ?
"Les mains d'Orlac", j'ai enfin réussi à le visionner en entier. Je suis content de l'avoir vu pour le pendant visuel et pour le retournement final, mais ce fut fichtrement lent par moments.