Le Secret du Docteur Franco

C'est avec ce dixième long-métrage que la véritable nature de Jess Franco s'exprime pour la première fois. Après s'être cherché dans des débuts très inspirés par Orson Welles, son maître à penser, et une certaine forme de naturalisme (Tenemos 18 años et plusieurs documentaires jalonnent les débuts de sa filmographie), le réalisateur madrilène initie dès Opération Lèvres rouges un travail fortement focalisé sur des ambiances pulp inspirées des romans de gare, des séries noires ou de la bande dessinée. Explorant les genres de la série B avec une soif de tournage impossible à rassasier, Franco, en grand amateur de jazz, commence à improviser à l'écrit comme à l'écran, cherchant toujours l'expérimentation dans la variation de motifs similaires, l'improvisation focale, l'exploration des mêmes sujets. Les Maîtresses du Docteur Jekyll en témoigne, reprenant les grandes lignes du premier jalon incontournable de sa filmographie, le célèbre Horrible Docteur Orloff, dont il s'agit d'une (fausse) suite. Un film amusant mais quelconque produit pour la firme Eurociné, grande pourvoyeuse de bis franchouillard, dont Jess Franco fit les beaux jours. Tour à tour ennuyeux et fascinant, déjà obsédé par le corps féminin au point d'en montrer quelques atours sexy de façon plutôt dénudée pour l'époque, Les Maîtresses... dévoile le secret de Franco en matière de longévité : la répétition ad vitam de motifs en les adaptant à l'époque et au gré de ses envies, avec des résultats à la réussite parfois discutable mais toujours foisonnant d'idées surprenantes.
BRD ZA USA Redemption
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0058563/