En parfait opportuniste qu'il a toujours su être Roger Corman ne pouvait pas laisser passer le succès interplanétaire de La Guerre Des Étoiles sans se lancer lui-même dans la bataille intergalactique des space opéra. Bon, faute de moyens on est plus proche ici du Space Opérette voir du bis italien à la Starcrash que du film de George Lucas quand bien même ce dernier reste lui aussi une parfaite série B qui aura simplement eu la chance de rencontrer un immense succès.

Dans Les Mercenaires De L'Espace nous allons suivre un jeune homme qui tente de rallier à sa cause perdue plusieurs mercenaires afin de défendre sa planète Akir menacée de destruction par le vilain Sador. L'histoire s'inspire donc très fortement des Sept Mercenaires qui lui-même s'inspirait déjà des 7 samouraïs (Le nom de la planète Akir serait un hommage à Akira Kurosawa) pour un concept que Zack Snyder reprendra aussi pour son récent Rebel Moon.

Les Mercenaires De L'Espace qui sort en 1980 est un film réalisé par Jimmy T Murakami par ailleurs plutôt spécialisé dans les films d'animation comme pour le très chouette Quand Souffle Le Vent. Les Mercenaires De L'Espace est un film un peu particulier pour moi car je me souviens très bien que son affichette prometteuse est restée longtemps punaisée sur le mur de ma chambre d'enfants m'imaginant combien ce devait être formidable ce combat intergalactique entre plusieurs créatures rebelles et un bon gros méchant particulièrement vicieux. Bon à l'arrivée ce n'est pas bien formidable et Les Mercenaires De L'Espace reste une grosse série B très proche du nanar mais qui finalement nous offre un spectacle autrement plus candide, généreux et bis que la récente et prétentieuse boursouflure numérique de Zack Snyder. Car si le film de Jimmy T Murakami est objectivement assez mauvais et mal foutu j'avoue pourtant sans la moindre honte avoir passé un très bon moment devant avec en prime quelques fous rires comme peu de comédies m'en procurent encore. Mais au delà de son allure de nanar sympathique Les Mercenaires De L'Espace n'a pas non plus à rougir de ce qu'il propose notamment en matière d'effets spéciaux avec de nombreuses très chouettes miniatures de vaisseaux, différents univers et décors ainsi que de très beaux mate painting. Pour la petite anecdote on retrouve au générique parmi les techniciens des effets spéciaux un certain James Cameron dont on connaît tous désormais le formidable parcours, preuve que même fauché un film n'est pas foncièrement exempt de grands talents. Et puis le film baigne également dans une ambiance cool décontractée de bande dessinée presque enfantine avec des héros aux grands cœurs, des vilains pas beaux et des lasers qui font pfiouuu pfiouuuu et moi ça me rend le plus souvent heureux comme un gosse.

Quant à la troupe de mercenaires, elle se compose d'une formidable bande de bras cassés comme si Roger Corman était parti faire son marché dans les rayons d'un vidéo club catégorie cinéma bis. Parmi la bande on aura donc un cow-boy blonde platine interprété par George Peppard qui a la particularité de cultiver sa cool attitude en évoquant saint John Wayne, en fumant des clopes et en se servant un whisky avec sa ceinture gadget laquelle fournit également l'eau gazeuse et les glaçons. A l'image on a surtout un peu l'impression qu'il pisse dans son verre mais ce n'est pas non plus pas pire ineptie que nous propose le film. Le héros d'une fadeur exécrable interprété par le trop lisse Richard Thomas ira également recruter une blonde super intelligente qui répare des androïdes interprétés par des acteurs qui font le robot, Caïman un homme lézard semblant sortir une série B de science-fiction des années 50, un richissime rebelle solitaire interpréter Robert Vaughn et une Valkyrie au décolleté intergalactique interprétée par la très jolie Sybill Danning. Dans cette bande de mercenaires on trouve également Nestor un esprit dans cinq corps qui correspondent par télépathie, forcément puisqu'ils ont un troisième œil dessiné grossièrement sur le front, et qui sont tous habillés tout en blanc comme des spermatozoïdes de l'espace. À ce groupe déjà bien chargé viendront se greffer Quopeg un guerrier musculeux sorti d'un péplum que l'on ne verra qu'à peine 5 minutes à l'écran et interprété par Steve Davis que l'on retrouvera deux ans plus tard dans L’épée Sauvage (film préféré des amateurs de cassoulet). Pour compléter la troupe digne du cirque Zavatta on a aussi les Kelvins deux nabots à crâne chauve qui produisent de la chaleur comme des radiateurs ambulants. Objectivement avec une telle bande pas sûr d'être fin prêt pour en découdre avec un méchant possédant un anéantisseur stellaire qui selon ses propres mots est l'arme la plus destructrice des univers connus et inconnus. En même temps le méchant Sador interprété par un John Saxon en roue libre niveau cabotinage et rire démoniaque est lui aussi entouré d'une armée qui prête plus un sourire qu'à s'engager dans la résistance. L'armée de Sador ( ♪♫♪ regarder danser les gens ♪♫♪) est effectivement constituée de mutants crétins avec la gueule en biais et des cheveux crépus de rouquin. Bon, maintenant que les présentations sont faites on va un peu taper dans le dur avec quelques-unes des séquences les plus drôles du film.

Forcément qui dit production Corman dit économies à tous les étages, la grande armée de Sador est composée d'une vingtaine de figurants et sa grande flotte intergalactique de quelques vaisseaux seulement. D'ailleurs le film foire totalement toutes ces scènes de batailles spatiales avec des alternances de plans des combattants dans leur cockpits, des gros plans de canons lasers qui défouraillent et des explosions en guise de victoires. On ne pourras pas dire que la gestion de l'espace opéra, tant tout semble assez bordélique et illisible. Les séquences de combats au sol ne sont guère plus convaincante même lorsque les méchants nous sortent un canon à ultra son qui fait saigner les oreilles comme un album de Lara Fabian. Pas très généreux avec le sacrifice de ses valeureux mercenaires déjà venus se compromettre dans un mauvais film, Jimmy T Murakami leur réserve des fins qui se voudraient épiques ou émouvantes mais qui sont souvent à pisser de rire. Les deux Kalders tombent les bras en croix après un problème de surchauffe et notre homme lézard meurt comme un kamikaze en hurlant dans les aiguës le nom de son peuple, ce qui donne un hilarant «  Lazuliiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ». Le cow-boy s'en sort un peu mieux puisqu’il s'offrira avant un baroud d'honneur une réplique qui rime riche et d'une grande poésie « Sator fils de bâtard d'un fils de bâtard ….Je vais t'avoir ... » Mais la scène qui m'a fait hurler de rire c'est quand toute cette bande de nases est réunie autour des deux créatures chauffantes qui font office de feu de camps , tandis que cow-boy joue une complainte mélancolique à l'harmonica tout en faisant griller des saucisses ; c'est juste MA-GNI-FIQUE !!

Alors oui bien sûr c'est nul, mais qu'est ce que c'est réjouissant et drôle ! Et contrairement à Zack Snyder nul besoin d'attendre la version de quatre heures en noir et blanc dans un format triangulaire pour apprécier (ou pas), ici tout est déjà là en 105 minutes chrono. C'est bis, c'est fun, c'est con, c'est généreux et finalement ce n'est peut être pas si loin du film que j'avais imaginé dans mon esprit de gosse de dix ans, pas assez en tout cas pour renier le plaisir au regard de mes goûts d'adulte.

Ma Note Nanar : 07/10

freddyK
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le 28 avr. 2024

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