Spirale infernale

Le long d’une nuit, blanche, caféinée et dense, un père et son fils sont emportés malgré eux dans une spirale infernale dans un Maroc méconnu, peuplé de dangers, de magouilles, de voyous, d’yeux nyctalopes et de djinns.

Formé à la Fémis, Kamal Lazraq fait déjà preuve d’une grande maturité pour son premier long-métrage, sélectionné dans la section Un certain Regard et vainqueur du prix du Jury. Avec une mise en scène sobre mais énergique, il filme un Maroc nocturne, avec en arrière-plan les lumières de la Médina qui veille puis au premier plan la lueur rouge des phares poursuivant le visage du père (homme damné). Sa caméra accompagne l’itinéraire chaotique et la fuite perpétuelle des deux compères le long de routes poussiéreuses et désertes, pénétrant des mondes secrets, inattendus et surprenants que l’alcool, la violence, le crime et le sheitan habite.

Un long souffle venu des entrailles de l’Homme porte le récit et maintient le spectateur en haleine. Courses affolées, haltes, effets de suspens, reprises, jeux du destin imposent un rythme soutenu et intenable, au cours duquel les deux personnages, acteurs non-professionnels aux visages marqués par les épreuves, sortent éprouvés, tandis que le spectateur s’émeut de leur pathétique faillite et de l’acharnement du sort sur eux.

Un film haletant, nocturne et étonnant.