L'invention des personnages des "Minions" a été un coup de génie, au delà de l'inépuisable franchise marketing qui peut être déployée à partir de ces "petits monstres" irrésistibles : il y a quelque chose de "fondamental", "d'élémentaire" dans le rire que font naître en nous - et ce quel que soit notre âge - ces créatures basiques qui illustrent parfaitement, sans les caricaturer pour autant, nos penchants les plus triviaux : les Minions ont tous nos vices (méchanceté, sournoiserie, gloutonnerie, instinct grégaire, etc.) mais, curieusement, se dédouanent de toute critique morale par leur maladresse, leur incommensurable naïveté. Peut-être s'agit-il d'un retour du cinéma comique aux joies du splapstick des débuts du cinéma ? Ou peut-être les "Minions" sont ils une forme de rédemption offerte à l'humanité : à travers l'image de nous-mêmes qu'ils nous offrent, voici notre fascination inextinguible pour le Mal pardonnée... puisque nous sommes tellement drôles ! Bref, tout ceci posé, pourquoi ne pas faire un film seulement sur les "Minions", et s'encombrer d'un Gru trop banal ? Et le résultat est exactement le film qu'on pensait voir, qu'on avait peut-être même envie de voir, avec nos enfants ou sans eux : un film très drôle, et un peu fatiguant à la longue du fait de son énergie inépuisable et de son principe de répétition univoque du même genre d'humour, again and again (le format du court-métrage est quand même plus approprié à ce genre d'exercice).
PS : Les nostalgiques que nous sommes de l'Angleterre des sixties ne pourront qu'apprécier le soin apporté à une reconstitution nostalgique mais très rock d'un endroit et d'une époque bénis. [Critique écrite en 2015]