Lâcheté et mensonges
Ce commentaire n'a pas pour ambition de juger des qualités cinématographiques du film de Ladj Ly, qui sont loin d'être négligeables : même si l'on peut tiquer devant un certain goût pour le...
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le 29 nov. 2019
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"Vous n'éviterez pas la colère et les cris."
Les premières images nous dévoilent une victoire, celle des Bleus à la coupe du monde de football 2018. Un événement national, rassemblant tous les français dans les rues parisiennes, sous les couleurs du drapeau bleu-blanc-rouge. Mais cette apparente unité du pays, elle n'aura duré que le temps d'une victoire. La réalité, elle, est toute autre.
En nous plongeant dans le quartier dans lequel il a grandi, à Clichy-Montfermeil, le réalisateur Ladj Ly nous raconte le quotidien de celles et ceux qui y vivent, qui tentent de trouver leur place, et la tension constante qui peut y régner.
Suivant aussi bien un groupe de la BAC que les différents habitants (adultes comme enfants) de la cité des Bosquets, sa caméra filme la vie, les échanges, les magouilles et les rivalités dans ces quartiers. Un quotidien dans lequel le rapport de force est constant, ce qui mène irrémédiablement à un dialogue de sourds entre les deux camps. Y règne une tension palpable et grandissante, où l'on joue avec la peur pour prendre le dessus sur l'autre et où le moindre geste de trop peut mettre le feu aux poudres.
Œuvre immersive et maîtrisée de bout-en-bout, "Les Misérables" se conclut par un final intense et anxiogène où l'on se rend compte que, dans ce dernier duel de regards en suspens, personne n'est gagnant, et personne ne viendra les aider. Ils sont seuls.
Ce premier long, ayant déjà fait l'objet d'un court-métrage en 2017, c'est le fruit d'un constat. Le constat amer d'un abandon et d'un échec. 25 ans après "La Haine" (réalisé par un autre membre du collectif Kourtrajmé, Matthieu Kassovitz), rien n'a bougé, malgré les grands discours et les "plans banlieues", et certains français restent encore et toujours les oubliés et les exclus de la République.
Ce film, évitant le sensationnalisme et tourné à hauteur d'homme, c'est un cri d'alarme à l'attention de ceux qui parlent sans écouter, ceux qui pourraient mais ne font pas, ceux qui détournent le regard parce que ça ne les concerne pas.
Ce film, c'est un cri de colère envers les mauvais cultivateurs.
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Créée
le 20 nov. 2019
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