Jean Valjean?...Misérable!
Claude Lelouch est un cinéaste que j'ai trop longtemps ignoré en raison d'a-priori de jeune ignorant. Et la rencontre m'a été des plus surprenante que j'ai énormément apprécié son travail. Il est de ces cinéastes dont le cinéma m'a énormément touché. Mais Monsieur Lelouch est de ces hommes infatigables, de la race des cinéastes qui ne s'arrêtent qu'une fois emporté par le destin commun des mortels. Et avec plus de quarante long-métrages, l'homme à été forcé de se répéter…un peu trop parfois.
Les Misérables est projet tout à fait justifié dans l'oeuvre de cet homme. Son goût prononcé pour le film choral a été remarqué (Les Uns et Les Autres), et une adaptation du chef-d'oeuvre de Victor Hugo peut tout à fait entrer dans ce type de cinéma. Mais voilà, c'est un de ces chefs-d'oeuvres de la littérature française dont une compte plus les adaptations. Et c'est là tout l'intérêt de l'adaptation de Lelouch.
Cette version puise son originalité dans sa relecture. En 1940, nous suivons le personnage d'Henri Fortin, pas celui du roman, mais celui du film, gaillard vieillissant que l''on compare à Jean Valjean, en raison de sa condition physique. Ce personnage se fait donc raconter le livre d'Hugo par les différents personnages du film, ce qui permet à Lelouch d'adapter Les Misérables en gardant le contexte original, tout en en faisant la relecture, dans la France sous l'occupation.
Le film , malgré des acteurs inspirés et dirigés (Belmondo/Girardot..) souffre de longueur, et de carences techniques et de partis pris esthétiques douteux propres au cinéma de Lelouch, et l'on assiste à film de cinéma aux allures de Téléfilm ampoulé, chose dont les nombreuses adaptations de l'oeuvre d'Hugo souffrent fréquemment.
Le film n'est pas des plus réussis, le découpage de Lelouch peinant à raconter une fresque française dantesque, mais l'exercice est noble, déconstruisant l'oeuvre pour en proposer une relecture originale et intéressante, desservie par un casting bien présent.