Virée déjantée
Les Mitchell contre les machines est une belle réussite. Euphorisant et souvent décapant, ce film d’animation est une boule d’énergie qui balaie tout sur son passage. Dès les premiers instants, on...
Par
le 3 mai 2021
25 j'aime
Les Mitchell contre les machines est une belle réussite. Euphorisant et souvent décapant, ce film d’animation est une boule d’énergie qui balaie tout sur son passage.
Dès les premiers instants, on ressent la patte de Christopher Miller et Phil Lord à la production et on pense inévitablement aux Tempête de boulettes géantes 1 et 2 : avec cet humour incisif et post-moderne qui multiplie les références, cette animation cartoonesque et burlesque qui aime grossir les traits et fusionner les structures, ces climax vertigineux de fougue et impressionnants par le nombre de détails qui pétillent à l’écran. Les Mitchell contre les machines ne déroge pas à la règle et est un concentré de folie douce qui agrippe le spectateur sans lui faire attacher la ceinture de sécurité.
Si on devait vulgariser un peu Les Mitchell contre les machines, il serait un doux mélange de Lady Bird (l’adolescente incomprise), Little Miss Sunshine (la famille chaotique et risible), Scott Pilgrim (l’aspect pop culture, les incessantes incrustations graphiques liées au monde de l’animation ou du jeu vidéo) et le dernier Spider-Man New Generation (la fluidité et la nervosité de l’action) : vous mettez le tout dans un shaker, vous secouez bien, vous laissez mijoter et vous obtenez la comédie d’animation qui fait saliver les papilles.
Alors que cette famille de la classe moyenne emmène sa fille au campus de sa future université de cinéma, une intelligence artificielle et ses robots prennent possession de la Terre (Pal). C’est alors que cette famille se retrouve être les derniers humains à ne pas être en captivité. Ils vont donc devoir sauver le monde. Avec ce postulat de départ loufoque, le film va enclencher la troisième sans jamais baisser le rythme : road movie familial qui aime s’appesantir sur les querelles entre une fille et un père qui ne communiquent plus, comédie aux sidekicks drolatiques (le chien et son regard qui dévie ou la mère qui se transforme en Xena la Guerrière), regard critique mais jamais dénonciateur sur le monopole de la technologie et notre conception des relations humaines, ou même film d’action qui en met plein les mirettes (le climax final).
Avec son observation sur notre dépendance à la technologie, sur le besoin de sortir des sentiers battus, sur la souffrance que peuvent provoquer les rêves inachevés, ou sur les sentiments gardés enfouis et qui détruisent des familles, jamais le film ne semble paternaliste. Au contraire, cette œuvre fait tout son possible pour réunir chacune des folies des personnages pour qu’elles ne fassent qu’un. Chaque personnage a sa propre fonction, ses fulgurances et une autodérision qui lui siéent parfaitement. Certes le film use de stéréotypes : le père déconnecté, la fille déjantée et pleine d’imagination, le fils peureux et amoureux, la mère aimante. Mais le film ne s’avère jamais cynique avec ses personnages. On rit avec eux, et non pas d’eux.
Cependant, même si nous sommes loin de la subtilité narrative d’un Pixar ou de la finesse graphique d’un studio Ghibli, cette mosaïque de tons et d’images, qui s’apparente à une sorte de kaléidoscope de plans tous plus farfelus les uns que les autres, arrive tout le temps à bon port en termes d’émotions sans que cela ne vire à l’indigestion : on rit autant qu’on lâche une petite larme devant une proposition généreuse qui ne lésine pas sur les effets. Le film, en ce sens, est un peu à l’image de ses personnages : défaillant, forcé par moments, un peu boitillant mais d’une marginalité et d’une imperfection qui font tout le cœur de son récit.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Velvetman et sa tambouille filmique en 2021
Créée
le 3 mai 2021
Critique lue 1K fois
25 j'aime
D'autres avis sur Les Mitchell contre les machines
Les Mitchell contre les machines est une belle réussite. Euphorisant et souvent décapant, ce film d’animation est une boule d’énergie qui balaie tout sur son passage. Dès les premiers instants, on...
Par
le 3 mai 2021
25 j'aime
Faire un film ancré dans l’époque actuelle et baignant dans des références typiquement d’aujourd’hui, ce n’est pas chose facile. A plus d’une reprise, les tentatives d’usage de « meme » ou...
Par
le 8 mai 2021
24 j'aime
1
Un père perds le contact avec sa progéniture et organise un road trip en quête d'une complicité retrouvée. Bon jusque-là on est sur le même pitch que celui de Dingo & Max de 1995, sauf que depuis,...
Par
le 3 mai 2021
23 j'aime
4
Du même critique
Un film. Deux notions. La beauté et la mort. Avec Nicolas Winding Refn et The Neon Demon, la consonance cinématographique est révélatrice d’une emphase parfaite entre un auteur et son art. Qui de...
Par
le 23 mai 2016
276 j'aime
13
Les nouveaux visages du cinéma Hollywoodien se mettent subitement à la science-fiction. Cela devient-il un passage obligé ou est-ce un environnement propice à la création, au développement des...
Par
le 10 déc. 2016
260 j'aime
19
Le marasme est là, le nouveau Star Wars vient de prendre place dans nos salles obscures, tel un Destroyer qui viendrait affaiblir l’éclat d’une planète. Les sabres, les X Wing, les pouvoirs, la...
Par
le 20 déc. 2015
208 j'aime
21