Une apothéose de poncifs et de virtuosité visuelle. Commençons par les premiers : un ado mal dans sa peau va devoir sauver non pas le monde mais deux mondes à la fois. Combien de films, notamment japonais, nous ont déjà raconté une histoire similaire, comme si tous les ados étaient mal dans leur peau, et comme si tous les ados mal dans leur peau recelaient des trésors de combattivité et de générosité... Mais bon, voilà, ledit Shin ne s'entend pas très bien avec son père et il a perdu sa mère dans la séquence d'ouverture, de façon inexplicable, quand il était petit. Résultat, c'est l'ado le plus renfermé du monde. Maaaais sa jolie copine d'enfance voit au-delà des apparences et nous incite à dépasser la façade boudeuse ripolinée au spleen. Se greffe là-dessus une histoire abracadabrante de Japon alternatif, tellement tirée par les cheveux qu'on a besoin qu'une voix off de générique de manga nous explique comment le Japon s'est scindé en deux réalités parallèles qui jusque là s'ignoraient. Brève bouderie de spectatrice devant un artifice aussi grossier. Et c'est parti pour un récit plein de combats au ralenti entre deux séquences frénétiques, et de chansons en japonais non sous-titrées, qui donnent vaguement l'impression d'en être au dessert au resto nippon du coin. Comme par hasard, nos deux ados sont précisément au centre de ce paradoxe spatial et, dans l'autre univers, la nénette est une princesse assoiffée de pouvoir. LA princesse, quoi. Il n'y en a qu'une et c'est précisément la gentille copine de classe, comme c'est commode. Débarquent des doubles et des androïdes pour castagner dans notre univers à nous, et on sait déjà qu'en phase deux, il faudra aller castagner dans leur univers à eux pour se débarrasser du fléau. Le scénario tricote des trames à peine plus complexes que ça, mais quand même cousues de fils blancs et on continue à voir des petits bipèdes agressifs sauter en l'air et projeter des tas de machins lumineux sur d'autres petits bipèdes vicelards qui, eux, ne se battent pas pour la bonne cause. En résumé, même frappé du spleen du siècle, le bipède est belliqueux, et ça, c'est fatigant. Passons aux bons côtés de toute cette hargne : ça saute dans tous les sens, ça virevolte, ce sont les jeux olympiques du kungfu volant, et ça, c'est marrant. Et beau, dans la séquence finale. Quelle virtuosité ! Ça console des poncifs moraux. Sans compter que la démarche des personnages a été hyper soignée et que leurs mouvements sont d'une vraisemblance rarement atteinte jusque là. Dingue ce que les images de synthèse peuvent apporter à un récit au demeurant assez banal. Bref, ça sauve toute cette histoire messianique un peu tirée par les cheveux.