Héritier des films de monstres des années 1950, type L'étrange créature du lac noir, Humanoids from the Deep est un film bis profond d'un très bon niveau. Il est relativement connu grâce à ses monstres libidineux, assumant partiellement à l'écran leurs gros désirs et affichant complètement leurs silhouettes pittoresques (mieux loties que celles des créatures du Continent des Hommes Poissons). Son imagerie et ses ressources sont pourtant inégales : c'est un mélange d'effets réussis et de vomissures cheap, de puissants happenings grand-guignol (tendance amorale, très carnassière) et de vulgaires 'exploits' croulant sous le poids des traditions de l'Horreur d'arrière-garde.
Il doit son identité plurielle à la savante correction de Roger Corman, ce producteur (formateur influent, notamment de James Cameron) décidant de mettre Barbara Steel (réalisatrice) à l'écart pour achever la conception du film ; un professionnel non-crédité (Jimmy T.Murakami) fut chargé de tourner les scènes lubriques, où les monstres attaquent des jeunes filles, arrachant leurs vêtements si nécessaire (elles sont seules chez elles en tenue légère, ou déjà nues avec leur amant sur la plage). Le voyeurisme n'est toutefois pas que directement sexuel : une tension lourde, premier degré, s'exprime à plusieurs reprises dans la première moitié du film, leurrant le thriller conventionnel et ses plaisirs morbides. Résultat : comme nanar volontaire et 'rigoureux' (dans tous les sens), c'est un succès.
En fonction de l'humeur du spectateur, la chose peut même être assez grisante. L'issue de ces aventures est une apocalypse chancelante, façon Mars Attacks sans le budget ni l'ambition mondiale. On assiste à un espèce de panique où l'absurde l'emporte sur la gaudriole. Des cris insensés tournent en boucle pour accompagner un carnage incertain ; puis ce festival est conclut par un trash end 'surprise' (entre Alien et Malveillance). Au-delà, il ne faut pas trop lui en demander. Des ambiances masculines folkloriques enrobent le tout, avec ces castagnes un peu grotesques, ces dialogues sentant la dérision, ces parties de pêches virant glauque. Corman commandera un remake en 1996 (dirigé par Jeff Yonis), qui lui n'aura pas les honneurs d'être mis en avant par Mad Movies pour son cycle des Craignos Monsters.
https://zogarok.wordpress.com/2016/01/26/les-monstres-de-la-mer/