Nihilisme de la construction: architecture baroque mais inexistante.

Comme le premier, le scénario est plus un prétexte pour aligner les sketchs et les bons mots. Le fil rouge, cette série de suppression d'emplois provoquant la grève des municipaux, est trop souvent mis de côté au profit de sous intrigues pourvues d'un potentiel comique inférieur. Comme exemples de ces sous-intrigues, je citerai le mariage de Gilbert, l'histoire de l'employé en surmenage, ou encore celle de l'employé 43: je les ai trouvées assez lourdes, trop triviales, superficielles. Pour ce qui est des deux employés pris en charge par la psychologue, ce n'est pas si grave, parce que la blague reste courte (relativement); il en est par conséquent de même du malaise que ces scènes suscite. Par contre, la sous-intrigue du mariage est trop présente, trop forcée, trop vulgaire, et d'autant plus gênante qu'il y avait des enfants dans la salle (ce qui n'est pas la faute du film, j'en conviens, mais celle des parents). Toutes ces sous-intrigues démolissent le rythme, et donnent une sensation de néant: on a l'impression d'assister à des sketchs qui n'ont aucun lien entre eux. Remarquez, ils en ont un, et même deux: Port-Vendres, et la fonction publique. Comme Forest Gump nous dressait la fresque d'une Amérique sur plusieurs décennies, peut-être faut-il prendre les deux (trilogie un jour, j'espère!) Municipaux comme une fresque absurde de la fonction publique de Port-Vendre au XXIe siècle: un projet, un témoignage historique. Plus sérieusement (quoique...), ces sous-intrigues relèguent trop souvent l'histoire du mouvement de grève à l'arrière plan... et encore... si effectivement elle était à reléguée à l'arrière plan, elle resterait toujours visible, comme fond de toile, lors du traitement des autres intrigues... mais en fait, elle en disparaît totalement! D'où le sentiment de vide, d'absence de traitement cohérent de la réunion de l'ensemble des points du scénario, qui m'a peiné, à la fin du film, me faisant penser que j'avais perdu mon temps (et mon argent!). Cette histoire de grève et de suppression de postes, très dans l'air du temps, avait pourtant du potentiel, et fait d'ailleurs, quand elle traitée, la part belle à des répliques et situations à la fois piquantes et drôles, le scénario se riant, dans la tradition du duo, de l'appareil politico-administratif local, jouant des préjugés à son égard, et approfondissant ceux-ci jusqu'à l'absurde.


Comme le premier, par conséquent, le film est drôle (pour moi). Pas toujours cependant, parfois lourd, souvent gênant, on sourit et on rit néanmoins de bon cœur, devant les situations, parfois bien trouvées, du duo. Deux remarques cependant. Dommage qu'on ait pas de moqueries sur l'abus de subventions européennes, comme dans le un; elles m'avaient bien faites ricaner. Aussi, la scène du camion poubelle aurait pu être plus drôle: au lieu d'essayer de mettre le frigo dans la benne, les deux employés auraient mieux fait de jeter le tout sur le côté de la route, pour dégager la voie, sans essayer de le rapporter dans le camion: cela aurait accru le côté branleur des personnages, car après tout, le frigo n'était pas dans une zone de conteneurs, et les employés n'étaient pas en train de faire une tournée de ramassage.


Comme le premier, la mise en scène, étonnamment, est intéressante: on a quelques mouvements de caméra qui parviennent à accentuer le comique de certaines scènes: on a en conséquence une forme au service du fond, et en harmonie avec elle, ce qui est loin d'être négligeable.


Comme le premier, les acteurs sont très convaincants. Comme la mise en scène, cela pourrait étonner. On aurait pu penser que tout allait, direction d'acteur comme mise en scène, être fait à l'arrache. Mais non... les acteurs sont impliqués, on sent de la générosité, la générosité du duo, à nous communiquer le plaisir qu'ils ont pris à bâtir cette fresque révoltée, naturaliste, lutte des classes rageuse et radicale. Deux acteurs m'ont particulièrement impressionné: Michel, déjà remarqué dans le premier opus, et surtout le syndicaliste de Paris, très drôle dans son jeu pince sans rire de bolchévique syndicaliste. D'ailleurs, en parlant de bolchévique, j'ai bien souri en voyant la justesse avec laquelle est traitée la conception de la démocratie des syndicalistes du film, qui vaut plus largement pour une vaste part de la population.


Donc comme le premier, le film est assez drôle. J'ai souvent souri, mais aussi souvent été mal à l'aise. La mise en scène et les acteurs sont impeccables. Mais tout ça ne fait pas oublier la faiblesse de la construction du scénario. Je mets la moyenne donc.


Comme le premier, le film est par moment sympathique. Juste pour cela, on attend le troisième! J'ai hâte de voir l'aspect du coffret trilogie!

Chatov
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le 27 oct. 2019

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Chatov

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