Quand l'on s'apprête à voir Les Muppets, on s'attend à une énième exploitation d'un vieux concept, la faute à des producteurs opportunistes toujours prêts à se remplir les poches avec un minimum de recherche, mais à peine les premières minutes passées, tous les doutes ont disparu, nous sommes bien dans l'univers culte des années 70/80. Tout est complètement tarabiscoté, la fantaisie est poussée à son paroxysme, et les acteurs se mettant à chanter pour un oui ou pour un non seront là pour appuyer le sentiment (à croire que les scénaristes avaient mangé beaucoup de sandwiches lors de l'écriture). Est-ce un film ? Est-ce un délire ? Beaucoup des deux, au point même que le quatrième mur est souvent franchi, Amy Adams parlant clairement du film dans lequel ils sont (et un autre disant que ça ferait gagner du temps d'aller récupérer les Muppets sous forme de montage accéléré). Puis ça continue avec une scène avec une explosion tournée devant un écran de projection, et là on pouffe de rire devant ce côté cheap, avant que l'un des Muppets s'exclame que les effets-spéciaux sont géniaux. Pas de temps morts, deux parties bien structurées, la première présentant les protagonistes, avant la seconde, qui est le spectacles des Muppets, et l'on se surprend à retomber en enfance, rigolant autant que les marmots, car c'est là toute la force du film, colporter un humour si jovial qu'il réussit à faire rire sans vulgarités ni drogue ou alcool, et ça c'est une bonne claque lancée à toutes les comédies américaines sortant en salles, toujours plus salaces les unes que les autres.

Bref, Les Muppets est le plus bel hommage qui ait pu être fait à l'enfance de plusieurs générations, à l'inverse de certaines productions qui étaient vraiment limites (Les Schtroumpfs ou Alvin et les Chipmunks en sont de bons exemples). Il est cependant clair que les vagues morales qui nous sont servies en fin de pellicule sont davantage là pour clore l'histoire que pour être prise au sérieux, tout comme le reste, car la trame elle-même est ultra-classique et ne sert que d'excuse pour offrir un spectacle déjanté. Au-delà de l'aspect délire, le succès du film repose également sur un point capital des Muppets, elles sont ringardes, et une bonne partie de l'humour les tournera en dérision (la partie avec Jack Black en est la plus violente preuve), avant qu'elles ne finissent pas se reprendre et faire rire volontairement, se transportant dans le 21ème siècle sans pour autant renier leurs racines.
Jason Segel est comme toujours sublime, et sa participation au scénario se fait ressentir, tant il est capable d'insuffler une dose conséquente d'absurdité. Amy Adams quant à elle l'épaule plutôt bien, tout comme Emily Blunt et Rashida Jones, ainsi que la horde de caméos tous plus inattendus les uns que les autres, que ça soit Whoopi Goldberg (déjà présente dans un téléfilm avec les Muppets), Zach Galifianakis, Ken Jeong ou encore Neil Patrick Harris. Dommage que celui de Danny Trejo ait été supprimé et ne soit disponible que parmi les scènes coupées.
Pour conclure, si la nostalgie est votre leitmotiv ou que vous voulez vous esclaffer devant une comédie musicale, foncez, car cette bobine sera là pour vous apporter le divertissement que vous attendiez tant. Si en revanche vous n'aimez pas les gens qui chantent toutes les cinq minutes, vous risquez d'être étonné par la façon dont les chansons réussissent à happer le spectateur sans l'agacer.
Mention spéciale pour la composition musicale, ça entraîne, c'est joyeux, amusant, très second-degré, et c'est sans grande surprise que le film aura eu un Oscar pour le titre « Man or Muppet ». Un grand bravo au compositeur Bret McKenzie.
SlashersHouse
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le 4 mars 2012

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