Difficile de noter cette oeuvre tant le magnifique côtoie le médiocre.
Poésie urbaine
Le premier point qui facine est la beauté des décors urbain, une véritable poésie urbaine à laquelle on n'est pas habitué, et qui dénote des sempiternels paysages de carte postale. On comprend assez vite l'amour que l'auteur veut nous faire partager pour les foyers chargés de souvenir, nourris de voisinages, de familles, de jeux d'enfants...
Une sorte de nostalgie des apartements invitant à l'échange, plutôt que des appartements modernes trop propres et trop sécurisés.
Cette thématique est très sympathique, mais ce ne sera pas le sujet du film.
Des personnages fatigants
Non le sujet du film, c'est... hum. Pas très clair.
Tout tourne en fait autour de 2 personnages opposés, l'une qui veut rester en arrière et vit dans le souvenir d'un foyer lumineux ; et l'autre, renfrogné, fâché avec tout le monde (mais que tout le monde adore quand même alors que c'est juste un sale petit morveux mal élevé), qui croit que tout tourne autour de lui.
La première va apprendre à accepter le présent ; le second va apprendre à faire attention aux autres (au moins à une autre).
Bon, voilà, ça vole pas très haut quoi ! Surtout après les promesses du début du film.
Le plus pénble est que ces personnages sont extrêment vulgaires (surtout le héros), et que ça nous arrache vraiment les oreilles dans la bouche de petits de CM2. Ils passent aussi leur temps à hurler, et les dialogues sont affligeants. Quitte à faire une histoire aussi poétique, cela aurait été beau de faire de ces enfants des porte-paroles de cette poésie.
Pourtant la poésie demeure, mais uniquement dans les décors magnifiques et les flash-back qui montrent la joie du foyer.
Le personnage principal est le bâtiment
Finalement, le personnage principal est le bâtiment lui-même, qui flotte sur l'eau (sans que ce délire ne soit jamais expliqué ou justifié). C'est assez beau, et la thématique est poussée jusqu'au FAMILIER du foyer, qui est personnifié. Mais ce personage là ne prend pas non plus, tellement il est fade (alors qu'il aurait pu être tellement plus, comme on le voit dans d'autres bâtiments).
Il y a des tas de bonnes idées, mais qui sont comme des craquement d'allumettes dans le noir, qui ne s'allument jamais.
Il y a aussi des incohérences (la fille qui prétend avoir déjà fait plusieurs fois ce voyage et revenir finalement au même instant à son réveil, alors qu'à la fin les adultes sont hyper inquiets) les personnages qui n'interrogent jamais le petit nouveau, la "boue" maléfique dont on ne saura jamais ce qu'elle réprésente, les souvenirs d'enfance qui ne servent finalement ni l'histoire ni l'évolution des personnages, les autres bâtiments du passés qui apparaissent sans qu'on ne sache pourquoi, et le retour dans les nuages, alors que le départ sous une pluie torrentielle était si génial...
Un final trop décevant
On n'a pas forcément compris où voulait nous emmener l'auteur entre le début et la fin de notre voyage. Les deux personnages principaux se sont rapprochés (avec une certaine gêne à la fin car on ne sait pas si c'est un amour fraternel ou conjugal), et puis c'est tout.
Pourtant j'aimais beaucoup le personnage de la fille amoureuse du héros, qui était la seule à peu près naturelle, mais finalement elle ne sert à rien.
Et puis le retour en ville se passe sans qu'on comprenne, comme s'ils se réveillaient simplement d'un rêve, sans entériner toute la poésie de ce qu'on venait de voir. Même la scène finale sur le balcon semble inachevée.
On finit donc sur une mauvaise impression, celle de s'être fait avoir avec une histoire qui aurait DÛ être formidable, dans un écrin animé magnifique, mais qui se contente d'être passable.