Les Nerfs à Vif fait partie de ces films jouant sur l'angoisse et sur lesquels le temps ne semble faire aucun effet, tant sa force, ainsi que son intensité ou encore son suspense, demeurent intacts.
J. Lee Thompson pose assez vite le contexte de son histoire, avec la rencontre entre celui qui sort de prison, et celui qui l'y a envoyé, situation aussi intrigante qu'intéressante. Il exploite à merveille ce synopsis, approfondissant les personnages et proposant une tension qui va s'accentuer plus on avance dans le récit, grâce notamment à une parfaite construction et une montée en puissante bien amenée et toujours parfaitement mise en scène.
La réussite des Nerfs à Vif se trouve surtout dans l'opposition entre les deux protagonistes, ils sont bien écrits et l'affrontement prendra plusieurs aspects différents (psychologiques, physiques ...). A travers eux, Thompson met en scène la violence d'un côté et la peur de l'autre, ainsi que le poids du passé et une situation qui va empirer plus on avance dans le temps.
Violence et cynisme sont au rendez-vous, ainsi que des thématiques plus fortes comme le harcèlement moral et sexuel, la façon d'appliquer la loi ou encore les humiliations. Il traite tout cela avec intelligence, sachant ne pas en faire trop et surtout, elles servent l'atmosphère mise en place. Elle est prenante, pouvant parfois faire effet d'un uppercut en plein visage ou être d'une froideur extrême, avec de nombreuses séquences mémorables ainsi qu'un cinéaste maîtrisant parfaitement son sujet.
Bernard Herrmann propose une partition inoubliable, allant à merveille avec les images et participant à la tension qui sévit tout au long de l'oeuvre. La photographie en noir et blanc est superbe, formant une alchimie avec l'atmosphère de ce thriller horrifique, alors que les comédiens se montrent eux-aussi à la hauteur. La froideur et la carrure de Robert Mitchum sont mémorables et Gregory Peck, par sa façon d'appréhender les événements, propose une formidable opposition, et ils sont bien aidés par de très bons seconds rôles.
En signant Les Nerfs à Vif, J. Lee Thompson propose un film noir aussi intense que mémorable, jouant sur la peur, la violence, le suspense et une atmosphère horrifique et prenante, dirigeant son oeuvre d'une main de maître, sublimant de formidables comédiens et bénéficiant d'une inoubliable partition écrite par Bernard Herrmann.
Martin Scorsese proposera une autre version (assez différente) en 1991, avec Robert De Niro reprenant le rôle de Robert Mitchum.