Énorme production divisée en deux parties de 143 et 145 minutes, Die Nibelungen, dixième film de Fritz Lang, puise ses influences dans divers histoires scandinaves et germaniques, dont la chanson des Nibelungen.
La première partie revient sur le parcours de Siegfried, fils unique du roi pour épouser Kriemhild, tandis que la seconde est plus axée sur cette dernière.
La première chose que l’on remarque à la vue de Die Nibelungen, c’est la qualité visuelle du film, c’est tout simplement extraordinaire. En un peu moins de cent ans, il n’a pas pris une ride et l’immense reconstitution, exclusivement des décors studios, est aussi réussie que fascinante. Lang nous emmène et nous fait voyager dans cet univers nordique tout en nous captivant durant les cinq heures de film.
L’aventure est d’une très grande richesse, qu’il retranscrit à merveille à l’écran et plusieurs séquences inoubliables tels que la bataille avec le dragon, la découverte du trésor des Nibelungen, les différents affrontements ou encore toute la dernière demi-heure. Il parvient à créer une ambiance forte, et Les Nibelungen est sublimée, tour à tour, par des souffles romanesques, puissants et épiques.
L’histoire et les personnages sont passionnants, notamment Siegfried dans la première partie, ceux secondaires ou bien évidemment Kriemhild et cette dernière, ambiguë à souhait et de plus en plus présente, est la plus intéressante. Lang la montre d'abord plutôt discrète, voire même naïve mais qui, attisé par la vengeance, fera preuve de dureté et de froideur, le cinéate allemand n’est jamais manichéen, que ce soit dans l'histoire ou dans le traitement des personnages.
La réalisation de Lang est remarquable, elle comporte beaucoup de plans fixes, souvent sublimes et il n’abonde pas l’écran de panneaux écrits et fait confiance à son image. La musique colle toujours à cette dernière et c’est un plaisir auditif qui s’ajoute à celui visuel. De plus, Lang parvient aussi à rendre son récit émouvant à l’image des fins des deux parties, alors que les acteurs sont très bons, notamment Margarete Schön dans le rôle de Kriemhild.
Peu après sa sortie, Die Nibelungen fut récupéré politiquement par l’Allemagne nazie, rajoutant même des paroles lors de la première partie, bien évidemment sans l’accord de Fritz Lang qui s’est envolé vers les USA par la suite, et en supprimant la seconde, qui ne correspondait pas à leur récupération, celle de mettre en avant les valeurs germanique.
C'est tout simplement cinq heures de grand cinéma que propose Fritz Lang avec Les Nibelungen, une oeuvre puissante, intemporelle, palpitante et dotée d’une grande maîtrise technique, permettant à l'Allemand de magnifiquement nous faire voyager au sein d'un univers médiéval, tragique ou encore fantastique.