"Les histoires d'amour finissent mal."

Pour être franche je ne sais guère par où commencer. Je n'ai à proprement parler, aucune notion technique pour analyser un film, et pour ce qui en est d'élaborer une critique construite, je n'en ai jamais faite. Mais voilà, je viens à l'instant de terminer de visionner ce film, il est tard, et il m'a parlé, pour ne pas dire bouleversé. Je pense que mon propos va paraître des plus déconstruit.

A défaut de pouvoir faire une analyse technique, je dirais de la manière la plus novice qui soit, ce que j'en ai pensé.

Dix ans après Titanic, Kate Winslet et Leonardo DiCaprio se retrouve pour faire face à leur couple. On pourrait craindre une pale copie du jeu d'acteur observé dans l'illustration du naufrage du célèbre paquebot, mais il n'en est rien. Ce duo fonctionne à merveille, qu'il soit figure de l'amour passionnel ou du déchirement et de la haine.

Je souligne particulièrement l'intensité des dialogues, chaque parole est nécessaire, tout à un sens, il n'y a rien en trop, c'est direct, précis, aiguisé comme une lame de rasoir. Ce film est sans détour. Il illustre parfaitement et avec une grande justesse le processus, parfois très subtil, de dégradation d'une relation.
Di Caprio et Winslet ont grandit depuis Titanic, ils ont prit une toute autre ampleur dans l'espace qu'ils habitent. Il sont entourés de seconds rôles tous plus intéressants les uns que les autres. Mention spéciale à Michael Shannon, dont les deux apparitions sont excellentes, pétrifiantes et froidement meurtrière des idéologies et d'une situation.

Ce film se déroule lors des années 50, il dépeint une American Way of Life s'infiltrant dans tous les esprits de l'époque, même les plus indépendants. Nos protagonistes se jurent intimement de ne pas tomber dans la moiteur des petites vies de leurs voisins de banlieue. Et ils s'y retrouvent enlisés jusqu'au cou. Leur idéal de vie se voit progressivement écrasé par la routine et les conventions sociales : comment peut-on vouloir changer de vie alors que les apparences sont si parfaites, et que nous risquerions de tout perdre ?

D’une grande noirceur et d'une extrême profondeur pour ce qui est de la vision du couple, de la famille et du confort routinier, chose que nous recherchons encore plus ou moins, consciemment ou inconsciemment, dans notre époque.

Mais qui est Sam Mendes? Un génie pour ce qui est, entre autre, de dépeindre une société américaine qui s'étiole, derrière la quête d'une vie de rêve, de pavillon bourgeois, de banlieue résidentielle. L'agitation du monde et sa violence semblent bien loin de ce genre de paysage, et pourtant il nous montre, avec brio, comment chacun, à son niveau, subit son lot de volontés inavoués, d'insatisfactions et de violences refoulées.

Que fait-on de ses rêves ? Doit-on y renoncer pour vivre ? Ou au contraire cesse-t-on de vivre en y renonçant ? Les Noces rebelles explore avec une extraordinaire perspicacité ce moment de l'existence où l'on prend conscience que les chemins cessent d'être tout grand ouverts, où il faut admettre que désormais tout n'est plus possible, et que rien n'est si facile. Et en ce sens, je pense qu'il peut parler à chacun d'entre nous.

Assassinons nos illusions, bousculons nos vies.