Les Nouveaux Héros restera certainement comme un tournant dans la filmographie des studios Disney. Depuis quelques années déjà, les princesses sont bien moins cruches, les héros meurent parfois et les princes charmants sont bien plus canailles. Mais ici plus de magie, aucune créature féérique à l’horizon, juste de la technologie, de la culture geek sur pellicule pour remplacer les formules de Merlin l’Enchanteur…Disney fête cette année ses 100 ans, marque la fin d’une époque et réussi brillamment son examen de passage.
Qu’on se rassure, ce qui fait l’essence de Disney reste bien présent, qu’il s’agisse de l’humour, du divertissement, de l’innovation et de la performance technologique des studios, tout est là. Un brin d’histoire : nous sommes en 2009 et Disney, faisant preuve (comme toujours) d’un flair imparable en affaires, rachète Marvel Comics dont le potentiel cinématographique des personnages est énorme. Big Hero 6 (Les Nouveaux Héros) est donc le premier film d’animation Disney à transposer à l’écran l’univers Marvel, racontant donc la genèse de cette équipe de super-héros.
La réussite visuelle est absolue et comme toujours, Disney repousse encore un peu plus des limites qu’on croyait désormais figées, mais qui continuent d’évoluer au gré de la capacité de calcul d’ordinateurs toujours plus puissants. Le résultat est de toute beauté : les couleurs, les détails d’une précision toujours plus grande et les personnages, nous font sentir toujours un peu plus que Toy Story date bien de 1995. Le final sort du lot, mettant en images un univers parallèle semblant sorti tout droit d’un rêve aux couleurs criardes, beau, tout simplement beau…Pour le reste, l’animation enchaîne les plans nerveux (univers Marvel oblige) et audacieux, mettant l’action au centre de l’image. Mais sans jamais oublier de souligner, comme jamais auparavant, l’expression visuelle des émotions.
Et de l’action il y en a redisons-le, univers Marvel oblige. On retrouve le cocktail propre à la maison d’édition : action, humour et héroïsme, tout à fait ce qui convenait à l’univers Disney. Le dosage devient presque scientifique entre l’humour, si touchant, qui colle au personnage du Baymax (sorte de Bibendum Chamallow devenu docteur), l’action décoiffante des scènes narrant la naissance de ces super-héros et l’héroïsme tonitruant qui ressort du grand combat final. Disney semble avoir trouvé la formule magique pour transposer Marvel à l’écran. Plus de problèmes d’humour ici, pas plus que de problèmes métaphysiques façon « mais que faire de mes pouvoirs ?! » bref, c’est Marvel au cinéma, débarrassé de tous ses défauts pour ne laisser que l’ingrédient magique : du fun, encore du fun, toujours du fun.
Juste un ou deux bémols. La mise en place de l’action et des personnages manque de maîtrise et traîne un peu en longueur. Là où il faudrait capter le spectateur dès les cinq premières minutes, les enjeux tardent à venir et l’humour compense à peine ce manque. Puis il y a un petit plagiat (certains diront un clin d’œil) qui gâche (très) légèrement la fête avec une « porte des étoiles » très, mais alors très très fortement inspirée de celle de Stargate. C’est un peu incompréhensible d’ailleurs, s’agit-il vraiment d’un clin d’œil ou d’un manque d’inspiration ? Peu importe d’ailleurs, il s’agit d’un point de détail qui permet juste de dire que si le film frôle la perfection, il ne l’atteint pas.
Après cent ans de magie, Disney grandit, rachète des licences (4 milliards de dollars pour Marvel, 4 autres milliards pour LucasFilm, encore un autre milliard pour les Studios Ghibli, Indiana Jones), des franchises et comprend que son avenir ne se jouera pas que sur les entrées dans les cinémas des ces chères têtes blondes. Voilà donc ce que représentent ces Nouveaux Héros, le passage de l’enfance à la puberté pour Disney et le constat aussi que les enfants, moins naïfs, croient désormais un peu plus en la technologie qu’en la magie. Peu importe après tout, d’une manière ou d’une autre le cinéma doit faire rêver et la bande à Hiro y parvient sans difficulté, bénéficiant d’un méchant charismatique et…masqué bien sûr ! Bref allez-y, ce film vaut l’énergie de tous les complexes mutli-vitaminés, les effets secondaires en moins. Mais surtout, restez jusqu’au bout du générique final, vous aurez droit à une scène bonus hilarante avec une guest star en prime !