Libre arbitre et citoyenneté

Encore une fois, la promotion a particulièrement bien fait son travail. A tel point qu’on en oublie le nom du réalisateur, en tout petit sur l’affiche face au Almodóvar apposé au dessus pour nous convaincre de la qualité du projet. Un outil absolument pas nécessaire, car le film de Damián Szifron s’avère assez réussi, mais finalement à mille lieux de ce que l’on s’imagine. N’espérez donc pas un film hilarant et irrévérencieux, mais plutôt un film à sketchs où la démarche se trouve ailleurs que dans l’humour. Il n’y a donc aucun fil directeur, mais l’idée générale de se demander ce qui pourrait bien se passer si des hommes et des femmes, sous le coup de la pression, se laissaient aller à toutes leurs pulsions. Il y aura des morts, des actes brutaux mais aussi beaucoup d’ironie, quand cela n’est pas totalement révoltant tant le film essaie de nous faire réagir. Un peu comme un miroir de nous-mêmes, Les Nouveaux Sauvages est un film en grande majeure partie citoyen et réflexif dans lequel nous devons presque constamment remettre en question ce qui se passe à l’écran. On retiendra surtout deux récits en milieu de métrage, particulièrement intéressants, dans lesquels on retrouvera des questions sur le libre arbitre et le contrôle de soi. Citons aussi un récit final particulièrement jouissif, totalement dans la mouvance de ce cinéma du sud, irrévérencieux et ironique.

Malheureusement même si le projet en lui-même est intéressant dans sa globalité, il reste inégal dans son rythme et sa force évocatrice. Certains récits sont trop courts, ou totalement anecdotiques, quand d’autres – notamment celui en ouverture – sont particulièrement jouissifs mais frustrants car sans réelle finalité. Les Nouveaux Sauvages est donc une petite curiosité dans le paysage trop académique ou mainstream du cinéma, qui pour certains sera une vraie déception quand d’autres y verront une ironie bienvenue. Reste maintenant à voir ce que le jeune réalisateur nous proposera à l’avenir.

Par Florian