Alerte psychopathes

Les nouveaux sauvages pourraient être vous et moi. Des individus confrontés aux petites frustrations de l'existence, aux tragédies personnelles. Lequel d'entre nous n'a jamais rêvé de balancer une personne qui nous irrite par la fenêtre? Les animaux du générique au début du film vous amadouent, vous questionnent aussi: qui sont les plus sauvages?
Six histoires distinctes mettent en scène des individus dans leur quotidien. Mais chacun a sa façon bien à lui de réagir à l'injustice, à la souffrance ou l'impatience. Les premières réactions sont banales, mais sans tergiverser pendant des heures sur fond de musique angoissante ni sourcils froncés, ces personnages basculent dans la sauvagerie. Et l'on rit de leur démesure, on s'amuse de l'absurdité de la situation qui aboutit pourtant au sang et à la mort. Le film est une merveille d'humour noir, deux heures où l'on décharge nos fantasmes de violence envers autrui sans trop de questionnement moral. Le rire est pourtant contrebalancé par ces instants d'horreur, de sidération devant le déchaînement des vengeances mises en oeuvre. Tout joue sur cette tension permanente, entre l'envie sadique de voir continuer le personnage dans sa sauvagerie, tels des joueurs de Sims tout-puissants, et le choc que nous renvoient ces entre-déchirements.
Si la perte de contrôle individuelle reste le moteur du film, les parcours de chaque protagonistes remettent également en cause des violences plus subtiles et symboliques. La pègre, la corruption, un modèle social trop étroit et hypocrite ou encore la sélection sociale par l'argent viennent poser un discret arrière-plan socio-économique aux explosions des protagonistes. La femme de "Bombita" raille son mari qui se plaint que "c'est la faute de la société". Ce dernier ne nie pas la responsabilité individuelle, mais les réactions extrêmes des personnages face à leur cadre de vie laissent la question ouverte.