Monsieur le notaire aime porter la jupe. Non qu’il soit de la jaquette, loin de là ; c'est qu’il apprécie simplement d’être en tailleur et en talons. Un peu de maquillage, quelques bijoux, une perruque, et le voilà Mylène. Dans le secret de son chalet de campagne, Michel s’adonne à ce plaisir interdit avec la complicité de son ami Jean-Marie (Flavia), à l’abri des regards indiscrets, trop curieux, réprobateurs, et à l’abri de sa femme aussi, cette douce et chère Hélène. Mais le poids des conventions (nous sommes en 1959), l’impératif de la réussite sociale et les remous de la guerre d’Algérie vont mettre à mal ses penchants pour la gaine et les bas de soie.

Deuxième long-métrage de Mario Fanfani, cet intrigant Nuits d’été avait tout pour être une agréable et surprenante découverte. Mais Fanfani s’éparpille, Fanfani s’égare. Son film se découd à mesure qu’il s’avance, souffrant d’un rythme mal établi, très mou, et d’un récit disloqué qui peine à trouver ses marques parce que Fanfani cherche à parler de trop de choses : l’horreur de la guerre, l’insoumission, les traditions, la différence, le rejet, et ce chalet des épicéas, devenu soudain la Villa Mimi, serait comme une bulle contre ce rejet et ces traditions, un havre de paix pour être soi, pour être libre, pour être femme, loin des offenses d’un monde qui, inéluctablement, se transforme lui aussi.

Fanfani parvient à être plus singulier, sans se perdre ni s’obliger à des dialogues creux (la scène du dîner, grotesque), quand il s’attarde par exemple sur les mollets d’Hélène, ou quand il la filme maquillant Michel, ou quand il surprend celui-ci frissonner de plaisir à la caresse d’une houppette à poudre… Il réussit surtout un beau portrait de femme interprétée par une Jeanne Balibar sensuelle et magnifique, trop rare sur nos écrans. Une femme qui étouffe, qui vivote dans l’ombre de son mari, mais prête à s’affranchir (son discours engagé lors d’une soirée de bienfaisance, qui fera scandale) quand son mari aime, a contrario, se changer en femme d’intérieur, bourgeoise et conciliante. Double parcours d’une émancipation, d’une transgression audacieuse au cœur d’un film à la fois léger et grave, fouillis et inégal.
mymp
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le 29 janv. 2015

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