A peine 3 mois après la sortie de "La conspiration du Caire" de Tarik Saleh, sort un autre film nordique tourné au Maghreb. Tout comme son prédécesseur, le scénario inadapté aux mœurs et aux politiques locales obligèrent à produire le film depuis l'étranger (le Danemark pour le cas présent) et de le tourné dans un pays voisins pour échapper aux sanctions et aux réticences administratives (ici la Jordanie). Tout comme Saleh, Ali Abbassi n'est pas originaire du pays où se déroule son scénario, mais en a des origines de par ses parents. La société iranienne est donc au cœur de son film qui traite d'une affaire criminelle qui s'est réellement déroulée en 2000 et 2001. A travers cette enquête journalistique, le cinéaste dresse le portrait d'un pays où la patriarcat règne en maître à travers différentes voies sociétales (la religion, la justice ou l'administration). Il y dénonce aussi le pouvoir invasif de la religion et le poids de la tradition dans le quotidien des citoyens iraniens. Pas étonnant donc que son actrice principale et son réalisateur se soient fait vilipender par les autorités iraniennes après la présentation acclamée du film à Cannes.
Mais il ne faudrait pas réduire le film à un simple pamphlet politique. "Les nuits de Mashhad" est un grand film aux qualités cinématographiques remarquables. La lumière magnifique des nuits aux couleurs saturés, une musique sombre et expressive digne des grands polars américains récents et une façon de filmer très moderne. C'est un grand polar moderne.