Les Nuits de Mashhad (Holy Spider) en anglais est le 3eme long métrage du réalisateur Danois d'origine iranienne Ali Abbasi à qui l'ont doit également la réalisation de la série The Last of Us. Il a été tourné à Amman en Jordanie pour cause de censure en Iran.
L'actrice exilée iranienne Zar Amir Ebrahimi y tient le rôle d'une journaliste qui se rend à Masshad (dont le nom signifie "lieu de martyre", ville sainte de l'islam chiite, située au nord de l'Iran à la frontière avec le Turkménistan et lieu de la sépulture de l'imam Reza, assassiné par empoisonnement par le calife Al-Ma'mūn en 818, pour enquêter sur le meurtre de prostituées, dont le nombre ne fait que croitre et sur laquelle les autorités ne semblent pas progresser.
Ce n'est certainement pas un thriller, dans la mesure où l'identité du meurtrier sera connue dès le début, mais c'est clairement un film noir. On nous montre d'abord celui qui fut surnommé l'Araignée, maçon à la soixantaine, et vétéran de la guerre, tuer plusieurs de ses victimes, et sa vie de famille en parallèle, avec sa jeune femme voilée et ses deux enfants. Puis on alterne entre la vie du tueur et l'enquête menée par la journaliste. Elle décidera de se mettre dans la peau d'une de ces prostituées pour découvrir le meurtrier. On n'en dira pas plus sur l'intrigue.
En tant que film noir et film social, on peut dire qu'il est très réussi techniquement, formellement, au niveau du scénario (inspiré d'une histoire vraie qui s'est déroulée dans les années 2000 dans cette même ville) que du jeu des acteurs. Les crimes sont montrés de manière directe, crue, réaliste. Il participe à nous faire prendre conscience (si ce n'était pas déjà fait) de la violence de la société iranienne et de sa théocratie, et notamment (mais pas seulement) à l'égard des femmes à l'époque des protestations nombreuses suite au passage à tabac ayant entrainé la mort de la jeune Mahsa Amini.
Clairement l'un des meilleurs films de 2022 à retrouver dans la liste des meilleurs films iraniens. Et du même niveau on conseillera La Loi de Teheran pour poursuivre sa plongée dans la société iranienne.