Ankabut-e moqaddas confirme la médiocrité du cinéma d’Ali Abbasi, réalisateur du surestimé Gräns (2018) où s’observait déjà une complaisance dans le filmage de la monstruosité humaine. Il s’agit cette fois d’un sujet de société brûlant, reconstitution d’un fait divers survenu en Iran au début des années 2000 : un tueur de prostituées justifie ses actes par le souci de purger la société d’un fléau jugé incompatible avec les textes sacrés et, par conséquent, avec la volonté de Dieu. Le récit hésite en permanence entre le point de vue de la journaliste, grossièrement écrit et négligé, et celui du bourreau qui le fascine au point de prendre le pas sur l’enquête : la caméra semble se repaître des visages tuméfiés et édentés, et sa fétichisation de certaines parties du corps comme la bouche ou les pieds construit à l’écran une impression curieuse d’obsession mimétique de la démence de Saeed Azimi. C’est aussitôt tout un discours politique qui s’écroule, incohérent dans la mesure où ce que nous montre l’image s’oppose aux intentions d’Ali Abbasi qui, eux, sont explicités par les dialogues du duo d’enquêteurs. Reste une immersion terrifiante dans l’Iran contemporaine où femme rime avec négation de ses droits et de son identité, mise en scène avec efficacité.