Romane Bohringer, encore toute jeune, est extraordinaire, parfaite même dans l'hystérie si bien que son jeu est bouleversant, c'en est merveilleux à force d'être aussi beau !
Le film, en lui-même, me semble un bric à brac tantôt merveilleux, tantôt discutable (en demi-teinte en quelque sorte) où Jean, séropositif, veut vivre et être regardé entre rire, hystérie et destruction. Jean vit grâce à l'image rassurante qu'il voit de lui à travers les autres, ses coups furtifs, filmés la seconde avant que tout n'éclate. Même ses coups, faits sous un pont, endroit que seuls les habitués connaissent, sont filmés dans l'obscurité comme une sorte de chorégraphie étrange, ni repoussante, ni attirante, juste réalisée, comme ça, à la va vite, pour se sentir en vie, regardé.
La caméra, souvent à l'épaule, va aussi vite que la voiture, sorte de bolide rouge, de Jean qui ne s'arrête jamais de filer.
Les personnages secondaires sont des perles très travaillées (le travelo dans son bar qui chante, les parents, Samy le pote-amant et sa violence qu'il découvre peu à peu, son "je m'en foutisme" peu crédible ...).
C'est un film sur le sida, sur la vie, sur l'amour, sur la folie. Un film cru, très fouillis mais un film qui dit une chose "je suis dans la vie", même si tout est détruit, tout, toujours, peut se reconstruire...
Même si je reste encore très partagée sur le film, je dirais que c'est un film qui ne s'oublie pas, qui marque et qui enracine, dans la mémoire, des scènes qui ne sont pas prêtes de s'en déloger... A l'image de ce répondeur où les hurlements, reproches et cris d'amour de Laura (Bohringer) ne cessent de se déverser. La vie, seulement la vie, n'importe comment mais la vie quand même.