J'ai vu Les Nuits fauves, l'année de sa sortie (en copie VHS) en 1992, je devais avoir 15 ans. "Les nuits fauves", tout le monde en parlait, le SIDA aussi. Freddy Mercury meurt du sida en 1991. Je suis de la génération qui a grandit avec ça, avec le SIDA, avec la peur du sida. Sauf qu'au début, personne n'en parlait beaucoup. Mais il y eut en France, ce film "coup de poing" chez les jeunes notamment, comme Philadelphia (dans une registre bien différent, bien que le thème de la maladie soit central dans les deux approches) quelques années plus tard.
La mort de Cyril Collard, a donné son mythe au film, comme un J.Dean dépravé et désenchanté.
J'ai revu ce film une seconde fois, hier. Bien des années plus tard, me demandant comment j'allais l'appréhender. Dans mes souvenirs, c'était un tourbillon glauque et expressif sur le sexe et la vie, comme tant de choses de ces années là, un focus sur ces "générations perdues". On aurait rêvé d'incorporer Mano Solo dans la BO, 1er album sorti 1 an après celle du film... chantant lui-même le fameux Pont d'Austerlitz en 1995.
Bref, ce film est un cri, maladroit et désespéré. Ça n'est effectivement pas un grand film, comme l'a indiqué un autre profil ici-même, mais il a fortement marqué les esprits, et dévoilé énormément de problématiques sociales. On pourrait, avec le recul, être gêné, de l'approche extrême de l'auteur, comme le faite de coucher avec Laura sans mettre de préservatif, sans parler de ses pratiques le soir sous le pont... Mais il faut replacer cette oeuvre dans son contexte et son époque :
- Tout d'abord un livre, publié en 1989, puis le film sorti en 1992, qui en est l'adaptation fidèle. C'est avant tout une oeuvre quasiment auto-biographique, la vraie "Laura" : Corinne Blue, jouant le rôle de la mère de Romane dans le film. Que savions-nous vraiment du sida à l'époque ? Sans rien excuser, il faut comprendre l'époque en question et s'interroger sur toute cette jeunesse borderline qui y est, par contre, très bien décrite.
Pour moi c'est un "jet de film" brouillon et brut. Certainement monté dans l'urgence, au vu de l'état de santé de son réalisateur... décédé qqs mois plus tard. Même si cet aspect brutal et brut peut fasciner par moment, avec des passages assez lyriques et d'une poésie sombre, la réalisation reste fragile, et seuls les deux acteurs principaux y brillent vraiment.
Néanmoins, c'est un film à voir, un film très encré dans son époque, sans exagération ni fioriture, avec toutes les maladresses de la jeunesse, du désespoir, et une vrai fougue.