L'Algérie, quand elle était encore française

Filmé à Alger et ses environs quelques mois avant l'indépendance, dans un très beau noir et blanc, Les Oliviers de la justice s'inspire d'un roman largement autobiographique écrit en 1954 (année du début de la guerre) par Jean Pélégri, qui joue le rôle du père. D'où une sorte de télescopage temporel, d'autant plus marqué que les retours en arrière sont nombreux.

Jean, qui a quitté son pays natal depuis longtemps pour vivre en métropole, rentre à Alger pour retrouver son père très malade. Alger et la plaine de la Médina ne correspondent plus à ce qu'il a connu enfant et dont il garde avec nostalgie un souvenir attendri. Les petits "indigènes" avec qui il jouait sont devenus des adultes engagés. Les scènes de rue sont nombreuses. La tension y est palpable : nombreux contrôles au corps par la police auprès de la population "musulmane", barrages sur les routes. Dans la rue, ou de terrasse à terrasse, les regards se croisent et s'évitent. Mais le passé que Jean a idéalisé était déjà porteur d'une violence souvent retenue, mais parfois cruellement exprimée. Comprend-il tout cela ? Quelle décision devra-t-il prendre après le décès de son père ? Rester sur place malgré tout ce qui s'annonce ou rentrer dans l'hexagone ?

J'ai beaucoup aimé la dimension témoignage documentaire du film, qui évite le manichéisme. Le jeu des acteurs, presque tous non professionnels, donne un grand ton de vérité au récit.

Un film qui aide certainement à comprendre ce qu'était l'Algérie, vue par un colon ordinaire, quand elle était française.


Jihel
7
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le 9 nov. 2024

Modifiée

le 10 nov. 2024

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Jihel

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