Il y a là un thème que Kudô explore pour la troisième fois, celui d'un régime féodal oppresseur et injuste, dont les loyaux serviteurs vont se dévier. On retrouvera donc des éléments déjà vus dans Les Treize tueurs (1963) ou dans Le Grand attentat (1964) : des samouraïs qui se rebellent contre un système, la vengeance d'un maître, le pacte passé par un groupe de parias prêts à mourir pour rétablir leur honneur et la justice. Le point de départ est ici la mort d'un petit seigneur provincial, sacrifié pour couvrir la folie d'un puissant prince proche du shogun. Comme dans les deux films susnommés, on est témoins de la préparation de leur vengeance, le plan qui s'échafaude, la cible qui se déplace, la mise en place du piège, l'attente, puis le combat final. Bien que tout soit moins développé que dans les deux opus précédents.
De la même manière on peut regretter le manque d'incarnation des personnages. Hormis le chef du groupe, forcément mis en avant, et le rônin qui sort un peu du lot, aucun autre ne se détache réellement. On ne retiendra ni prénom ni visage, d'ailleurs à aucun moment ne se dégage l'impression d'un groupe de onze hommes. Sur ce plan-là on est très loin des Sept samouraïs par exemple qui réussissait un tour magistral dans la construction des personnages.
Il en reste un beau film d'action, aux cadrages toujours impeccables, sombre et nihiliste quand on mesure la portée de leur sacrifice et l'effacement de leur geste dans les annales officielles. Le sujet est intéressant mais force est de constater que le traitement n'est pas au niveau des précédents travaux de Kudô, ni de ceux de Kobayashi (Harakiri et Rébellion) sur des thématiques similaires, ou encore des 47 rônins qui explore la même trame.