Les Opportunistes par Fritz Langueur
Le cinéma italien n’est jamais aussi bon que lorsqu’il puise en trame de fond les défaillances et les travers du pays. Des coups de botte à la Botte ! Cela donne souvent des comédies acerbes et caustiques dont les Risi, Scola, De Sica ont tiré leurs meilleures œuvres. Bien que très contemporain, « Les opportunistes » retrouve cette veine qui provoque bien grincement de dents, des sourires et un certain malaise. Le film se décompose en trois chapitres distincts mais totalement liés, puisque exprimant les points de vue de trois personnages clés sur un ensemble de séquences identiques. La « fortune » (bonne ou mauvaise) étant le moteur de l’action, cela permet à Paolo Virzi d’écorner au passage l’avidité, la cupidité et l’hypocrisie de la société italienne. Les trois personnages autour desquels tourne le récit est significatif, et représente les étapes historiques de l’Italie pays en pleine mutation, Dino la magouille, Carla la bafouée et Serena le combat pour la vertu. Le film est habilement mis en scène par son côté « choral », le choix des décors et le raffinement des effets. Il est également intelligemment écrit notamment en ce qui concerne la psychologie de chaque personnage. Enfin l’interprétation est hors pair, avec en tête Valeria Bruni Tedeschi enfin créative, Fabrizio Bentivoglio merveilleusement énervant à souhait et Matilde Gioli d’une justesse parfaite. « Les opportunistes » est le film de 2014 que l’on n’attendait pas, il se place pourtant, par sa précision, son acuité et son irrévérence comme l’un des meilleurs.