Tourné à l'aube de la seconde guerre mondiale, ce film d'inspiration patriotique raconte une petite histoire de la Grande Guerre. Dans une localité de France, tout nouvellement occupée par les ennemis, un officier allemand est abattu. Cinq villageois sont constitués en otages qui seront exécutés si le coupable ne se livre pas.
Le contexte du film de Raymond Bernard est doublement dramatique: à la fois par le sujet qu'il traite et par l'époque tourmentée, et bientôt tragique, où sont tournés "Les otages" (la carrière du film sera interrompue par l'Occupation). La vocation du film est d'appeler les Français, à travers l'exemple de ces ainés de 1914, à faire front devant l'adversité. à faire corps devant l'ennemi nazi. L'esprit de sacrifice, le renoncement aux querelles du passé alimentent le message clair des auteurs au moment où les otages, formant un groupe social hétérogène, surmonte leurs discordes et leurs égoismes généralement mesquins, figurés ici par l'antagonisme pas sérieux entre le maire du village (Charpin) et un grand propriétaire (Saturnin Fabre), aristocrate déclassé.
La bonne idée de Raymond Bernard est cependant de se détourner de l'affectation du mélodrame. S'entourant de quelques uns des grands seconds rôles de l'époque (on ajoutera aux sus-nommés Larquey et Roquevert), le réalisateur allège la gravité du sujet en dessinant des caractères amusants, des figures à la Clochemerle incarnant une franchouillardise bon enfant et les incontournables, les savoureuses querelles de clocher. C'est cet aspect du film qu'on veut retenir et qui fait sa valeur, et certaines scènes sont d'ailleurs résolument comiques.