Quand dans la Hongrie froide on croyait que le sport réchauffait les gamins, que dans les gymnases on pouvait les voir s'amuser sur les agrès, il faut l'avouer, on s'est tous trompé. C'est plutôt la tête baissée et la boule au ventre que les petits sportifs s'en vont à l'entrainement, traînant les pieds sur les trottoirs gelés par la neige. Un peu de douleur et de beauté pour ce sport de casse-cou, qui ne vaut qu'à satisfaire les jeunes filles ambitieuses et les garçons musclés. Mais ici, les enfants se font taper sur les doigts. Plus question d'après-midi chaleureux à rire en s'affalant sur des matelas et à suer d'efforts pour sortir comblé de l’enchaînement réussi. Plus question de paillettes et de voltiges, la gymnastique se transforme en torture et les entraînements ne ressemblent plus qu'à des formations disciplinaires d'enfants soldats. On marche en ligne, à l'ombre du fouet.

Et pourtant, planter un décor sombre ne suffit pas à nous le faire détester. On a beau trembler pour les membres frêles des enfants qui saignent sur les cordes, chacun finit par l'attendre avec impatience. Les ordres graves d'un professeur tortionnaire dans une Hongrie post-communiste, les voix apeurées des garçons encore si jeunes, qui semblent ne pas avoir vu la lumière depuis des années, c'est là que le film prend tout son sens. Malheureusement, une once de déception et on se rend compte que ces moments ne sont que des flash-back, la vraie vie est ailleurs, dans une Amérique moderne où le petit gymnaste est devenu coach, et où, malgré tous les maux que son sport hebdomadaire a pu lui causer, la gymnastique est son choix de vie.

Finalement, ça crève les yeux. On part d'un enfer, on finit avec la rancœur de ne pas y être resté. Il avait tout essayé le petit, mentir à ses parents, mentir à son professeur, sécher les cours, s'engager dans un cirque et ne plus jamais revenir assister à ses cours de gymnastique qui lui faisait tellement de mal. Pourtant, voilà que vingt ans plus tard, il poursuit encore le même chemin avec des souvenirs qui le hantent, mais qui sans doute lui ont fait connaître le plus grand des talents. Ne bannissez plus la douleur. « Je ne veux pas gagner mais je n'aime pas perdre ». On en vient presque à l'envier.
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le 27 oct. 2014

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