Paulette Goddard avait-elle besoin d'argent pour payer ses impôts lorsqu'elle accepta le rôle principal de Sins of Jezebel ? On peut le penser, et même supposer que la majeure partie du faible budget est allée dans son cachet, vu la médiocrité générale du film... À 40 balais bien tassés, l'ex-gamine des Temps modernes n'a plus tout à fait la même beauté que jadis, mais campe avec assurance une Jézabel séduisante, tentatrice, manipulatrice, lascive, vénéneuse, etc. Princesse de Phénicie, elle s'en va en Israël épouser le roi Achab, non sans nourrir ses propres ambitions de pouvoir. Le souverain lui mange bien vite dans la main, mais c'est son capitaine Jehu (interprété par George Nader, un sosie de Dominic West !) qu'elle met dans son lit. Usant de son emprise qui s'étend sur le royaume, elle fait ériger un temple au dieu Baal, dont elle est la grande prêtresse. Sécheresse, famine et désolation (du classique dans les récits bibliques) s'abattent alors sur Israël, mais le prophète Élie est là pour remettre les siens dans le droit chemin...
L'histoire de Jézabel, qui a eu lieu au IX° siècle avant J.-C. et a été racontée dans les deux Livres des Rois de l'Ancien Testament, est à mon avis assez fidèlement respectée. Et c'est, avec la belle Paulette, le seul autre point correct de ce péplum de série B tourné par le spécialiste Reginald Le Borg. Aux côtés de la star, le reste du casting est minable : on se demande si certains sont bien des acteurs de métier. Les décors sont quasi-inexistants, et la caméra filme d'ailleurs en plan serré la plupart du temps pour cacher la misère. Enfin, procédé médiocre mais surtout bizarre, le film est présenté par un narrateur que l'on voit à l'écran, et il s'agit là d'un rabbin des années 50 en costard, qui se balade dans une salle comme s'il enseignait à des élèves... Chelou.