Les Petites Mains par Sandalg

Court-métrage d'une intensité comparable à celle, insoupçonnée, ressentie lors d'auditions nocturnes de musiques inconnues, aux polyrythmies stupéfiantes et heureuses. Entrer dans la tension d'un conflit entre employés et employeurs à travers des mains poupines, neuves, maladroites – inoffensives surtout, s'évertuant à faire rouler une moto miniature sur les objets qui l'environnent, au milieu des cris et des revendications, des gueuleries bourrues et des désaccords infinis, tous formant l'instrument le moins à même de toucher l'intelligibilité qui loge dans le corps de l'enfant.

Un curieux salmigondis de circonstances le fera se retrouver balloté dans les bras d'un employé en colère qu'une poursuite (qui ne demeurera rien d'autre qu'un chant lointain et insignifiant) plongera dans une sorte de garrigue belge verdoyante surmontée d'arbres et d'hostilités. Comment ne pas verser une larme devant cette scène où le petit Léo, heurté dans sa représentation normée du corps humain, découvre la mutilation de Bruno, et pousse alors, déçu comme devant l'invalidité d'un jouet, des "oh, l'est cassé, l'est cassé... oh...". Arriver à jouer ainsi avec le spectateur pour 14 minutes de rollercoaster... chapeau.