Danièle, une mamie pour qui la vie affective n'est pas simple va prendre en charge ses petits- enfants, Marine, la grande sœur, et Thomas, le petit frère, afin de les emmener passer un moment de vacances chez leur père séparé. Certainement frustrée de ne jouer que "les utilités", elle décide brusquement de "profiter" d'eux quelques jours de plus en osant espérer un peu de complicité et de tendresse de leur part. Les cadeaux, les promenades en voilier et les déjeuners sur l'herbe ne suffisent pourtant pas à émouvoir ses petits enfants qui font preuve d'ingratitude et d'insolence. Devant cette situation les parents contactés téléphoniquement ne sont pas en reste et les relations avec Danièle se détériorent. La gentille mamie, devant tant d'incompréhension, décide alors brusquement de prolonger le "séjour surprise" contre vents et marées...
C'est parfois difficile d'appréhender sa propre vieillesse surtout lorsqu'on se retrouve seule comme Danièle. Celle-ci est encore très active et élégante mais ceci n'est qu'une apparence car la dépression due à la solitude est bien présente. Le fils, divorcé, mène sa vie chaotique en fonction des périodes de garde de sa progéniture. Le seul élément qui puisse encore apporter un peu de baume au cœur à Danièle ce sont les deux petits-enfants, mais ceux-ci se détachent de cette grand-mère servant uniquement et régulièrement de "dépannage". Mamie est "ringarde" pour une ado qui influence son jeune frère. À son âge Marine a envie d'autres horizons et les cadeaux que s'efforce d'offrir Danièle ne suffiront pas à recevoir de leur part la moindre considération et le moindre signe d'affection.
Alors, après son incartade, la grand-mère se doute bien que les parents vont se manifester vivement, la privant définitivement de la visite de "ses gamins". La "grande faucheuse" se rapproche irrémédiablement, l'angoisse et le désespoir étant omniprésents. Tout se ligue pour conduire Danièle à un jeu dangereux pouvant lui être fatal mais peut-être compréhensible: se sauver avec ceux qu'elle a de plus cher. On a beau se douter que la fin de cette histoire sera irrémédiable et cruelle mais, comme se compte les minutes avant de quitter un lit douillet, Danièle tente de grappiller quelques jours de plus avec Marine et Thomas même si ceux-ci, soupçonneux et inquiets, deviennent de plus en plus désagréables et imprévisibles.
Dans sa solitude quotidienne Danièle a tout simplement du mal à vieillir car l'attitude de ceux qui l'entouraient et la chérissaient peut-être autrefois s'est transformée avec le temps, et l'écart des générations en délaissement.
C'est un sujet difficile et plein de sensibilité qu'aborde dans ce film Olivier Peyon, celui de l'angoisse de la vieillesse, de l'incompréhension et du détachement de votre entourage à un moment pourtant crucial de l'existence. Tourné dans le très beau décor que peut offrir les Alpes, on se laisse "embarquer" dans cette promenade débutant comme une comédie grinçante. Puis le thème léger s'enfonce petit à petit dans une situation dramatique, voire même angoissante. Par contre les sentiments et les caractères des principaux personnages sont parfois outrageusement appuyés contribuant à nous faire sortir de cet atmosphère étouffante. C'est bien dommage car l'analyse sur ce portait de femme du troisième âge est tout à fait réaliste mais il a un petit manque ici de finesse, le metteur en scène ayant, à mon avis, sorti le gros pinceau pour accentuer les sentiments et les rancœurs d'une telle situation. Ce qui aurait donc pu être un grand film touchant en faisant appel à une belle réflexion devient une œuvre un peu banale.
Bien entendu le jeu des acteurs n'est pas en cause. Bernadette Lafont excelle dans dans son rôle de grand-mère dépressive et imprévisible faisant semblant d'être "forte" car sa fragilité manifeste la plongée au fond d'un gouffre en faisant sans le savoir subir à ses petits-enfants un genre de châtiment. Marine, interprétée par Adèle Csech et Thomas, joué par Lucas Franchi, reflètent très bien une certaine jeunesse en pleine mutation s'éloignant irrémédiablement de leurs aînés. Nous avons également le plaisir de croiser Claude Brasseur qui en vieil homme distingué et galant va tenter de passer un petit moment de bonheur très émouvant avec Danièle.
Disons franchement qu' Olivier Peyon nous fait tout de même passer un moment qui ne manque pas d'intérêt en insistant sur l'un des aspects frustrants de la vieillesse, l'éloignement des autres par la distance et surtout par l'affection et la pensée. Bien sûr ce film est passé un peu inaperçu, c'est dommage et c'est pourquoi j'attire votre attention dessus malgré les petits défauts que je pardonne bien volontiers.
Ma note: 7/10