Walter Hill est un réalisateur très solide. On lui doit des titres tels que 48 Heures, 48 Heures de Plus, Les Rues de Feu, Double Détente, Geronimo ou encore Les Guerriers de la Nuit. S’il y a bien un film oublié de lui, c’est Les Pilleurs, Trespass en VO, sorti en 1992, série B divertissante et virile, pas prise de tête, qui s’est malheureusement plantée au box-office lors de sa sortie, n’arrivant même pas à rapporter ce qu’il a couté, à savoir environ 14M$US. Et pourtant, cette revisite du Trésor de la Sierra Madre (1948) de John Huston fonctionne parfaitement et s’avère être un thriller urbain brut de décoffrage, concis, avec un côté parfois jouissif. Clairement, nous ne sommes pas là dans le haut du panier du réalisateur, mais néanmoins ça vaut le coup d’œil.


Robert Zemeckis et Bob Gale écrivent le scénario de Les Pilleurs dans les années 70. Sauf que ce dernier reste bien au chaud dans un placard. Mais Zemeckis va profiter de la notoriété exceptionnelle de sa saga Retour vers le futur pour ressortir ce scénario et le vendre à Universal. Trop occupé avec le film La Mort Vous Va Si Bien (1992) pour le mettre en scène lui-même, il conseille à Universal de confier la réalisation à Walter Hill qui sort du succès de la suite de 48 Heures, à savoir 48 Heures de Plus (1990). Ce dernier accepte à condition de changer quelques petits points dans le scénario afin de rendre le film plus « urbain ». Le film nous raconte donc l’histoire de deux pompiers, Vince et Don, qui apprennent, lors d’une intervention pour un feu, l’existence d’un trésor qui serait caché quelque part au sud de la ville. Ce trésor serait en fait tout le butin pillé dans une église 50 ans plus tôt, des objets en or d’une valeur inestimable. Et en plus ils ont un simili de carte. Ni une ni deux, les voilà dans une usine désaffectée à la recherche des premiers artefacts à l’aide d’un détecteur de métaux. Mais l’endroit n’est pas complètement désert puisqu’un sans-abri semble avoir pris possession des lieux. Ils en viennent à bout, le ligotent afin que ce dernier ne les gêne plus dans leurs recherches. Mais c’est sans compter sur deux gangs rivaux venus régler leurs comptes ici même. Tout aurait pu bien se passer si Vince et Don n’avaient pas assisté au meurtre d’un des membres et qu’ils n’avaient pas décidé de capturer le petit frère du chef par peur des représailles. Cela peut se comprendre, ça met notre gang en pétard, car c’est leur territoire ici, et on ne vient pas les emmerder sur leur territoire, surtout si on est blanc.


Les Pilleurs lance directement son histoire. En 5 minutes top chrono, la trame du scénario est posée et le film peut se consacrer sur ses nombreux personnages. Et on a droit à un bon gros casting de trognes : Bill Paxton (Aliens, Apollo 13), William Sadler (Die Hard 2, Les Evadés), Art Evans (Die Hard 2, Vampire vous avez dit Vampire), Ice Cube (Friday, Boyz’n the Hood) ou encore un Ice T (New Jack City, Mean Guns) avec une tête pas possible, cheveux longs permanentés et chapeau de gangster. Le duo Paxton / Sadler, l’un héros honnête mais un peu naïf, l’autre héros bourrin et un brin ambitieux, fonctionne à merveille. Ils se donnent complètement dans leurs rôles respectifs. Au niveau de nos rappeurs, Ice T n’en fait pas trop (c’est assez rare pour être signalé) mais à l’inverse Ice Cube en fait des caisses, au point d’en devenir ridicule. Aucune présence féminine dans le film si ce n’est des figurantes au début du film en arrière-plan. Les deux camps vont se confronter, mais il y aura des confrontations à l’intérieur de chaque camp via pas mal de petits rebondissements (qu’on voit venir pour certains). Walter Hill arrive à maintenir une très bonne tension tout le long du film. C’est bien rythmé, malgré un petit ventre mou à l’heure de film car il s’attarde finalement plus sur ces conflits de personnages que réellement sur l’action. Mais rassurez-vous, ça canarde malgré tout et les scènes d’action ont pas mal d’impact, à grands coups de gros calibres et autres explosions. La violence est sèche, sans esbroufe, percutante. La mise en scène de Hill est très bonne également, avec une ingénieuse utilisation des différents recoins de ce lieu unique. Il utilise toujours de chouettes angles de caméra, avec pas mal de plans cassés et autres idées bien sympathiques. L’ambiance musicale est soignée, mélangeant rap, guitare électrique, et même musique atmosphérique que n’aurait pas reniée un certain Mike Patton. Dommage que le film ne fasse qu’effleurer certains sujets (les impôts, les aides sociales, le racisme) sans jamais les approfondir, mais là n’était pas le but du film qui avait pour mission principale de divertir.


Même si Les Pilleurs reste un film mineur de Walter Hill, son crash au box-office à l’époque n’est clairement pas justifié. Loin d’être parfait, il n’en demeure pas moins un bon divertissement, aux scènes d’action percutantes et au très chouette casting.


Critique originale avec images et anecdotes : ICI

cherycok
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le 18 sept. 2020

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